Yves Cruchten présentera son rapport sur le budget en commission ce vendredi en fin de matinée. (Photo: Jan Hanrion/Maison Moderne)

Yves Cruchten présentera son rapport sur le budget en commission ce vendredi en fin de matinée. (Photo: Jan Hanrion/Maison Moderne)

Yves Cruchten présentera en commission de la Chambre, ce vendredi à 11h, son rapport sur le budget 2020 de l’État. Préalable au même exercice peu après, mais en séance plénière. Une mission pour laquelle il était volontaire.

Le budget 2020 de l’État sera débattu puis voté peu avant Noël. Avant cela,  (LSAP) doit , ce qu’il fera ce vendredi à 11h, puis en séance plénière. Un exercice enrichissant pour lequel il était volontaire, a-t-il expliqué lors d’un petit-déjeuner partagé avec la rédaction de Paperjam.

Rapporteur du budget: est-ce un exercice passionnant ou une contrainte?

Yves Cruchten. – «C’est un réel apprentissage, une occasion de découvrir tout le fonctionnement de l’État et de rencontrer de très nombreuses personnes. Donc, une fois que le rapport est rendu, on mesure vraiment tout ce que cela apporte.

Pourtant, vous n’êtes pas économiste?

«Non, et certains de mes anciens professeurs de mathématiques ont dû se poser des questions en découvrant que j’étais rapporteur du budget. Plus sérieusement, quand j’ai été élu en 2013, je ne connaissais pas tout. Notamment le fait qu’il était obligatoire d’être membre de la commission des finances pour être rapporteur. Cette fois, j’ai donc demandé à (LSAP), notre chef de fraction, d’en être, car j’étais volontaire pour être rapporteur. 

Quel est le rôle exact du rapporteur?

«Je suis l’auteur du rapport de notre commission. Donc, si celle-ci a des choses à dire quant au budget, c’est à travers moi, via mon rapport. J’ai évidemment une marge de manœuvre pour effectuer des recommandations.

On ne peut pas se contenter de faire croire aux gens que tout va bien car la croissance est de 4%.
Yves Cruchten

Yves Cruchtenrapporteur du budget

Comment se dessine un rapport alors que de nombreux organes rendent un avis sur ce même budget?

«Je ne travaille pas seul et un attaché m’aide notamment pour la rédaction. On essaie de consulter tous les avis, mais tout lire de manière exhaustive est presque impossible. La commission rencontre les chambres patronales, d’une part. Et, d’autre part, il y a aussi l’avis de la Banque centrale qui est le plus complet, mais aussi le plus volumineux. Heureusement, aucun avis rendu ne signalait que le budget 2020 était incohérent.

Le PIB du bien-être

Quelle sera la marque d’Yves Cruchten dans ce rapport?

«Chaque rapporteur cherche à évoquer un thème auquel le budget se rapporte. (DP) l’a fait en ce qui concerne la digitalisation. Pour ma part, j’ai eu envie d’évoquer la situation vécue par les gens dans notre pays. Il sera donc question du PIB du bien-être, porte d’entrée vers des thèmes comme le logement, les inégalités, la pauvreté…

Le bien-être n’est pas satisfaisant au Luxembourg?

«On a des gens en difficulté dans notre pays. Il faut se demander quelles solutions proposer. Le PIB du bien-être, c’est cette volonté. On ne peut pas se contenter de faire croire aux gens que tout va bien car la croissance est de 4%, on ne peut pas se fier exclusivement à cela. Il faut notamment veiller à réduire les écarts entre les gens.

Le logement occupe une position centrale dans cette problématique?

« et la Banque centrale a beaucoup insisté là-dessus aussi. Historiquement, quand la croissance était forte, il y avait des retombées pour les couches les plus pauvres de la société. Mais quand cette croissance est de 2 ou 2,5%, où vont ces retombées? Dans les poches des plus riches, souvent des propriétaires. Si la classe moyenne rencontre elle-même des problèmes de logement, qu’en est-il des autres?

Nous devrions mieux évaluer les politiques publiques.
Yves Cruchten

Yves Cruchtenrapporteur du budget

Quelle est votre solution?

«Il faut dire adieu au fait que l’on puisse faire baisser les prix des logements. Par contre, il faut offrir plus de logements adaptés. Et donc donner à l’État les moyens d’être réellement actif sur le marché immobilier.

Les politiques publiques ne devraient-elles pas être mieux évaluées?

«Évidemment que si, et nous devrions disposer d’une équipe d’évaluation des politiques publiques. Pour le moment, on se contente de définir des objectifs et de voir s’ils sont atteints ou pas. Il faut faire mieux. On a initié beaucoup de réformes scolaires, par exemple. Mais comment sont-elles évaluées? Par qui? Avec quels résultats? Ce n’est pas à la Cour des comptes de répondre à ces questions.

La fiscalité peut-elle contribuer à réduire les inégalités?

«On a annoncé une individualisation de la fiscalité et cela aidera à réduire les inégalités. D’autres pays l’ont fait et cela prend du temps, car c’est compliqué. Ce sera la même chose ici, tout ne pourra pas se faire d’un seul coup.

Quid de la fiscalité des entreprises?

«Un parti souhaite abaisser le taux d’affichage et élargir la base. Les négociations sont en cours. Moi, je constate que la fiscalité des personnes est toujours plus importante que celle qui frappe le capital et mon ambition de socialiste reste de diminuer cet écart.»