Ibrahim Deme: «L’éloquence, c’est la bonne prestance, ainsi que la compréhension du message véhiculé à travers le discours prononcé.» (Photo: DR)

Ibrahim Deme: «L’éloquence, c’est la bonne prestance, ainsi que la compréhension du message véhiculé à travers le discours prononcé.» (Photo: DR)

En amont du Concours national d’éloquence Tony Pemmers, organisé par la CJBL et le Paperjam + Delano Club, en partenariat avec BGL BNP Paribas, le mardi 29 juin, le candidat Ibrahim Deme nous révèle les principes de l’art oratoire.

L’éloquence est-elle forcément conditionnée par la maîtrise d’un vocabulaire riche et compliqué?

Ibrahim Deme. – «L’éloquence en elle-même n’est pas synonyme de maîtrise d’un vocabulaire riche et compliqué. L’éloquence, c’est d’abord la simplicité, la simplicité dans l’emploi du verbe. L’éloquence, c’est la capacité de l’orateur à toucher ses interlocuteurs au travers d’un discours construit autour de la simplicité.

L’éloquence, c’est aussi la cohérence de l’orateur, c’est-à-dire sa cohérence des propos employés en relation avec le sujet traité. L’éloquence, c’est cette capacité à faire passer un message à un large public, qu’il soit instruit ou non, cultivé ou non, et pour cela, il faut d’abord et avant tout croire en soi, croire en ce qu’on raconte pour pouvoir parvenir à toucher son auditoire avec des mots simples.

Enfin, l’éloquence, c’est la bonne prestance, ainsi que la compréhension du message véhiculé à travers le discours prononcé, c’est cela le maître mot de l’éloquence, ce n’est pas forcément conditionné à la maîtrise d’un vocabulaire riche et compliqué.

L’art oratoire est un exercice difficile, qui n’est pas inné. Quelles qualités faut-il, au-delà de la maîtrise du verbe, pour prétendre exceller dans cette discipline?

«L’art oratoire est un exercice qui demande énormément de travail, au-delà des qualités que je vais citer, pour pouvoir exceller dans la discipline.

Un bon discours demande d’être bien préparé, car il faut, malgré les apparences, énormément de répétitions pour que le message véhiculé soit fluide, clair et limpide au moment de le prononcer. C’est pourquoi l’exercice n’est aucunement inné, et que sa réussite est conditionnée à un travail de fond.

Les qualités qu’il faut pour prétendre exceller dans l’art oratoire sont d’abord la capacité pour l’orateur à rester connecté à son auditoire; ensuite, sa capacité à garder en permanence un contact visuel avec son public, et, enfin, une bonne synergie dans le discours prononcé.

Le bon orateur, c’est celui qui arrive, à travers son discours, à captiver l’attention du public. Pour parvenir à cela, il est indispensable pour l’orateur d’avoir, au-delà de la maîtrise du verbe, la maîtrise du corps, savoir dialoguer avec les gestes. Un bon orateur doit être capable de garder un contact visuel avec son public, il doit savoir séduire son public à travers son regard au-delà même de son verbe.

Il faut enfin une synergie dans le discours prononcé, ce qui regroupe à la fois la capacité à rester connecté à son auditoire, la capacité à garder un contact visuel avec son auditoire, la capacité à faire véhiculer un message dans un langage clair, et tout cela en toute simplicité.

Qu’est-ce qui vous a donné le goût pour l’art oratoire/l’expression orale?

«Je vais être bref sur cette question, c’est simple, mon goût pour l’expression orale est né au fil des années, lorsque j’ai commencé à écouter certains discours de certaines grandes personnalités publiques.

Je pense notamment à Martin Luther King avec son fameux discours, ‘I have a dream’, qui, au-delà d’être un discours rassembleur, a été prononcé avec une telle simplicité et une telle éloquence que l’auditoire reste marqué à jamais. Je pense également à Barack Obama, qui est pour moi, à l’instar de Martin Luther King, un exemple à suivre, et un excellent orateur.

Ces grands hommes sont capables de faire vibrer un cœur rien qu’avec des mots, ils sont à l’origine de mon goût pour l’art oratoire, mais cela demande énormément de travail et de confiance en soi.»