Bérengère Beffort, directrice des publications chez Maison Moderne. (Photo: Lisa Christl/Maison Moderne)

Bérengère Beffort, directrice des publications chez Maison Moderne. (Photo: Lisa Christl/Maison Moderne)

Femme, mère et épouse. Voilà le rang longtemps assigné aux femmes à travers les siècles. Même imposé et érigé en norme. 

Qu’une majorité de femmes puissent aussi être des salariées et des dirigeantes d’entreprise n’allait pas de soi. Qu’elles puissent avoir les mêmes droits civiques et politiques que les hommes a été au cœur des combats féministes du 20e siècle. Les luttes menées ont permis aux femmes de disposer de leur corps et de décider de leur indépendance économique. Pourtant, en 2022, l’égalité entre les sexes est loin d’être une évidence.

Si vous estimez qu’aujourd’hui l’égalité n’est plus un sujet prioritaire, alors faites un simple test. Proposez à vos amis et collègues de citer trois personnes remarquables dans les domaines scientifique, entrepreneurial et sportif. Combien indi­queront autant de femmes que d’hommes?

Trop souvent les noms nous échap­pent, ils ne sont pas «top of mind». En comprendre les raisons est nécessaire pour surmonter les barrières et les biais persistants. Tout d’abord, il serait réducteur de parler d’une discrétion ou d’une modestie liée à un sexe. Les femmes ne sont pas effacées par nature: c’est le résultat d’une construction sociale et d’une éducation limitante. L’égalité entre les sexes doit s’enseigner et se vivre dès le plus jeune âge. Si nous attribuons le courage, l’indépendance ou le goût pour les mathématiques à un seul sexe, il ne faut pas s’étonner des conséquences sur le futur marché de l’emploi.

De tout temps, il y a eu des femmes extra­ordinaires par leurs œuvres, leurs engagements et leurs convictions.

Bérengère Beffort

Mais leurs parcours ne sont pas autant valorisés, quand bien même elles ont réussi à décrocher les plus hautes fonctions et distinctions. La reconnaissance publique passe par ce qui est affiché et affirmé. La prise de parole dans les médias et dans les sphères du débat public influence la perception de la société. Si les femmes ne sont ni pré­sen­tes ni visibles, leurs réalisations risquent de passer au second plan de l’Histoire.

Et puis, la réflexion doit porter sur l’orga­nisation des réseaux d’échange. Les old boys’ clubs forment des lieux de favoritisme et d’exclusion. C’est aux antipodes d’une société inclusive et collaborative nécessaire pour relever ensemble les défis sociaux, sociétaux et climatiques.

Ignorer les femmes et leurs réalisations revient à se priver de la moitié de nos talents et cerveaux. De la moitié du cœur aussi, pour un nécessaire élan de solidarité. Gageons qu’un jour nous saurons reconnaître les mé­rites des femmes et des hommes. Sur la façade de nos institutions, on lira alors: «Aux grandes femmes et aux grands hommes, le pays reconnaissant.»

Cet article a été rédigé pour  parue le 23 février 2022.

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