Le président du conseil d’administration d’ArcelorMittal Luxembourg, Michel Wurth, assurait lors de la réception de Nouvel An organisée par ArcelorMittal qu’un accord sur le dossier Ilva serait trouvé entre l’État italien et le premier aciériste mondial dans les semaines qui viennent. (Photo: Romain Gamba)

Le président du conseil d’administration d’ArcelorMittal Luxembourg, Michel Wurth, assurait lors de la réception de Nouvel An organisée par ArcelorMittal qu’un accord sur le dossier Ilva serait trouvé entre l’État italien et le premier aciériste mondial dans les semaines qui viennent. (Photo: Romain Gamba)

Après une année 2019 difficile, avec des résultats en berne et la mort d’un employé à l’usine de Differdange, ArcelorMittal se tournait vers 2020, lors de ses bons vœux, jeudi. Environnement, sécurité et amélioration de la compétitivité feront partie des objectifs pour l’année à venir.

«2019 a été une année difficile», admettait le président du conseil d’administration d’ArcelorMittal Luxembourg, , lors de la célébration des vœux de Nouvel An d’ArcelorMittal qui avait lieu jeudi à l’usine de Differdange. Le résultat d’exploitation brute a été divisé par deux en cours d’année, et ce pour différentes raisons, selon Michel Wurth.

Tout d’abord, les différends commerciaux entre les États-Unis et la Chine, mais aussi l’Europe, qui ont provoqué une dégradation du climat de confiance de l’économie mondiale. «La baisse de la croissance et des investissements a provoqué une diminution de la demande de produits sidérurgiques», précise-t-il.

Une deuxième raison citée est la surcapacité de la production d’acier. «L’offre, supérieure à la demande, fait baisser les prix», explique Michel Wurth. «La Chine en est responsable vu qu’elle détient 50% des capacités de production. Et même si elle diminué sa production de 150 millions de tonnes, le problème n’est pas résolu.»

À cela s’ajoute une augmentation du coût du minerai de fer, conséquence de la rupture d’un barrage minier à Brumadinho au Brésil en janvier 2019.

Une politique industrielle européenne «incohérente»

La politique industrielle européenne, incohérente selon Michel Wurth, est aussi mise en cause. «Les États-Unis ont fermé leurs frontières aux importations, mais pas l’Europe», constate le président du CA de l’entreprise. «La production locale est limitée par les droits d’émission, ce qui est une absurdité sans pareil. Ainsi, on laisse entrer des importations issues de pays où les normes environnementales sont beaucoup moins bonnes.»

L’autre problème européen est la politique de la concurrence. «Le marché de la sidérurgie est un marché mondial, mais la Commission considère qu’en tant que marché européen, il faut éviter les concentrations», continue Michel Wurth. «ArcelorMittal a dû vendre 8 millions de tonnes de capacité de production car les autorités européennes ont une vision qui ne correspond plus à la réalité du monde.» D’où la vente de Dudelange après l’acquisition d’Ilva.

Accord en vue pour Ilva

Le dossier Ilva a bien sûr été abordé. «Le marché italien de la sidérurgie est le deuxième en Europe après l’Allemagne, donc c’est un dossier intéressant, mais compliqué», admet Michel Wurth. Le 4 novembre dernier, le premier aciériste mondial avait signifié au gouvernement italien son intention de  qui lui avait permis de reprendre le complexe industriel italien un an plus tôt. «Les autorités italiennes ont été effrayées et nous ont contactés pour renégocier», assure Michel Wurth. Des discussions constructives seraient en cours et permettraient d'envisager un accord dans les semaines qui viennent.

L’aciériste veut intensifier ses efforts en matière d’environnement, avec le rendu de son premier rapport d’action pour le climat, et un budget de 250 millions d’euros pour soutenir la mise en place de nouvelles technologies.

Investir dans les technologies à basse émission

L’industrie de l’acier est responsable de 7 à 9% des émissions de carbone dans le monde, d’où la volonté du groupe d’aller vers des technologies à basse émission pour respecter les objectifs de l’accord de Paris. «Les technologies existent, mais elles sont beaucoup plus chères, le prix de revient va du simple au double», explique Michel Wurth. «Il faut donc les promouvoir. L’augmentation de la taxe carbone est une solution, mais elle doit être la même pour tous, sinon les importations vont augmenter. Une bonne politique de support est nécessaire.»

L’environnement fait donc partie des priorités fixées pour 2020 au Luxembourg – avec la sécurité, après le décès en 2019 par accident d’un employé dans l’usine de Differdange.

Un projet de transformation vise aussi à améliorer la compétitivité des usines luxembourgeoises. «La réduction des marges nous oblige à réagir», assure Roland Bastian. Cinq piliers sont retenus pour poursuivre cet objectif: le commercial, la digitalisation, l’investissement, l’achat et la diminution des coûts.