L’enseigne luxembourgeoise était présente dans trois points de vente, dont celui-ci, rue Chimay, au cœur de la ville haute. (Photo: Maison Moderne)

L’enseigne luxembourgeoise était présente dans trois points de vente, dont celui-ci, rue Chimay, au cœur de la ville haute. (Photo: Maison Moderne)

La crise du coronavirus a affecté les trois bars à soupe aux recettes de Pascal Henrot, qui compte rester au Luxembourg, mais plus forcément dans la restauration.

Après 10 années d’existence, la société À la Soupe Luxembourg a été déclarée en faillite fin mai, mettant sur le carreau les 12 salariés de cette franchise créée en 2010 par le cuisinier français Pascal Henrot.

«Je ne suis pas du tout aigri, je sais que cela faisait partie de mon métier, comme la mort fait partie de la vie», confie-t-il au sujet de cette première expérience entrepreneuriale.

S’il a revendu ses parts voici trois ans à un investisseur, c’est pour permettre à sa petite entreprise de prendre de la hauteur. Forte de trois points de vente (rue Chimay dans la ville haute, rue Bender dans le quartier Gare, et au Kirchberg face à Auchan), la société qui proposait des lunchs rapides à base de soupe avait conclu des contrats avec les enseignes de grande distribution Auchan, Match et Delhaize, qui avalaient 30% de son volume de production.

«On arrivait à un moment où il fallait plus d’investissements pour grandir», évoque Pascal Henrot, alors que l’entreprise avait décidé, fin 2019, de déménager son centre de production de la Cloche d’Or à Hamm. «On était dans une situation très temporaire, où on voulait profiter de cette période de mai à août, où nous sommes un peu moins sollicités par les supermarchés et en magasin, pour faire le déménagement et recommencer à l’automne, où c’est la très grosse saison.»

L’ADN du concept ne fonctionne pas avec la distanciation sociale.
Pascal Henrot

Pascal HenrotfondateurÀ la Soupe

Mais la crise sanitaire du coronavirus a poussé, mi-mars, à la fermeture des trois bars à soupe et refroidi les ardeurs du nouvel investisseur. Le confinement, le télétravail, et puis le feu vert à la reprise de l’horeca pour la Pentecôte n’y ont rien fait: «L’ADN du concept ne fonctionne pas avec la distanciation sociale», estime Pascal Henrot.

Lui, qui, à la rue Chimay, accueillait entre 300 et 400 couverts sur le seul service de midi, s’interroge: «Qui aujourd’hui peut me dire qu’il va continuer à faire 400 couverts en trois heures? Je ne vois pas comment cela peut être possible.» Et d’ajouter que «ça me fait de la peine d’en arriver là, mais dans le contexte actuel, avec le parcours que j’ai, je ne me sens plus à l’aise pour investir dans la restauration».

De la restauration à l’agroalimentaire

Arrivé voici 11 ans au Grand-Duché pour une mission de consultance, après avoir passé des années à travailler dans des adresses étoilées entre Paris et Philadelphie, puis Saint-Pétersbourg, et des navires de croisière haut de gamme, ce «citoyen du monde», comme il se décrit lui-même, se dit tombé amoureux du Luxembourg.

Son avenir, il le voit en tant que consultant dans l’agroalimentaire. «J’ai plusieurs pistes, et ce projet est en train de prendre forme», dit-il vaguement. Il se montre par contre plus précis quant à son futur statut: «Dans une vie fantasmée, je referais de l’entrepreneuriat. Dans la vie pratique, non. J’ai 51 ans et trois enfants, il faut d’abord que je pense à eux.»

Pascal Henrot ne cache pas son souhait de «promouvoir la culture de la cuisine luxembourgeoise, et pourquoi pas l’exporter». Pour la petite histoire, le cuisinier a lancé À la Soupe en 2010, avec, au menu, la Bouneschlupp. L’aventure entrepreneuriale est certes terminée pour lui, mais il garde la recette sous la main. On ne sait jamais.