Mercredi matin, le restaurant L’Avenue, au Kirchberg, avait préparé sa terrasse pour le tout premier service de la reprise. (Photo: Paperjam)

Mercredi matin, le restaurant L’Avenue, au Kirchberg, avait préparé sa terrasse pour le tout premier service de la reprise. (Photo: Paperjam)

Heureux de rouvrir leurs terrasses et leurs salles, les restaurants situés dans les quartiers d’affaires ne sont pas moins suspendus au retour des employés de bureau, qui télétravaillent encore. Ils s’adaptent pour faire face à une fréquentation fluctuante.

«Faire contre mauvaise fortune bon cœur»: voilà comment l’état d’esprit des restaurateurs pourrait se résumer aux premiers jours de la reprise. Les tables situées dans les quartiers de bureaux ont rouvert,  de  (DP) le 25 mai: dès mercredi midi pour ceux qui étaient prêts et disposaient d’un espace terrasse, ce vendredi 29 mai pour les autres.

Ne manque encore qu’une chose: le retour des clients durant les services du midi. Or, ces clients sont encore, pour une bonne partie, en télétravail.

, dont l’activité repose sur la présence des employés des institutions européennes et des ministères. Le Lounge Act One, qui en fait partie, prévoit une activité réduite pour quelques semaines encore, même si le carnet de réservations se remplit petit à petit. «On ne peut pas ne pas rouvrir après les annonces du gouvernement. Et s’il y a un problème, nous savons que nous pouvons encore recourir au chômage partiel jusqu’à la fin de l’année», confiait le chef Cedric Kerlaouezo, mardi 26 mai.

Son avantage dans le contexte de la reprise: une terrasse que le gérant du centre commercial lui a permis d’agrandir, une vaste salle dont il a pris le temps de finaliser l’aménagement pendant la fermeture, deux portes d’entrée pour faciliter les allées et venues, et de belles assiettes en perspective. «Nous avons de bonnes viandes, de bons produits, une belle terrasse ombragée avec de grands parasols. On vous attend!», lance le chef, avant de reprendre le ménage.

Afterworks sur pause

Tous les restaurants du groupe Manso ont également rouvert. Certains, comme Ela, sont plus calmes que d’autres au niveau de la fréquentation. D’autres ne referont pas la totalité de leur chiffre avant quelques mois: «Par exemple, la moitié du chiffre d’affaires du JFK provient des ventes d’alcool, en grande partie liées aux événements d’entreprise et aux afterworks», constate Rémy Manso.

El Barrio et le Piri Piri enregistrent, eux, davantage de réservations et grâce au système de take-away et livraison mis en place avec Ondemand.lu. Celui-ci se poursuit d’ailleurs en plus de la réouverture des restaurants.

S’il n’y a personne au bureau, il n’y a personne au resto.

Rémy MansoGroupe Manso

«La reprise nous permet d’arrêter de perdre de l’argent et de respirer un peu. C’est au moins notre objectif pour le prochain mois. On évalue l’activité à venir à environ un quart de ce que nous faisons en temps normal. S’il n’y a personne au bureau, il n’y a personne au resto», résume Rémy Manso. Ce dernier mise aussi sur le système D et a installé des terrasses devant les restaurants qui n’en avaient pas assez, comme au JFK et à Ela.

À El Gato, situé près du siège de Raiffeisen et de Foyer à Leudelange, la salle et la terrasse représentent une surface de 800m²: l’espacement des tables sera donc aisément respecté, ce qui permettra de servir une centaine de couverts. «C’est un des seuls restaurants dans cette zone et un des plus forts du groupe le midi», ajoute Rémy Manso, qui croise les doigts pour que les télétravailleurs soient de moins en moins nombreux.

Mesures d’hygiène

Du côté de Cloche d’Or, Oberweis n’a pas encore rouvert sa belle terrasse, mais accueille les travailleurs du quartier dans un «pop-up store» éphémère dressé sur le parking de l’établissement, le temps de terminer les travaux qui laisseront bientôt place à «un nouveau concept». Le premier étage reste cependant ouvert à la restauration sur place.

«Nous remarquons un peu plus de fréquentation et de trafic routier depuis mardi. Nous espérons que les clients ne seront pas trop frileux à l’idée de venir», déclare Anne-Sophie Valentin, responsable marketing d’Oberweis. Pour rassurer les gourmets, l’enseigne a donc mis le paquet sur .

Au restaurant L’Avenue, au Kirchberg, tout a aussi été fait dans les règles de l’art pour une réouverture en toute sécurité sanitaire. Christopher Rahme (propriétaire de L’Avenue, du Café des Capucins, du Skybar et du Downtown) a anticipé la reprise: pour éviter à ses équipes la désinfection des menus ou l’échange d’ardoise entre serveurs, des QR codes ont été créés pour que les clients puissent lire les menus sur leur smartphone.

Montée en charge

Et les tables sont volontairement toutes dressées: «C’est un peu triste de condamner une table sur deux. Nous avons donc laissé les couverts, et nous plaçons les clients au bon endroit», précise Christopher Rahme.

 «C’est assez inconfortable. Et surtout, ça s’accorde difficilement au métier des serveurs, dont on ne voit pas le sourire. Nous avons fait faire des masques en tissu, car les masques chirurgicaux avaient une connotation trop médicale pour le service en salle», ajoute Christopher Rahme. Les employés d’Arendt (situé dans le même immeuble), de Clearstream (juste en face), les auditeurs et les banquiers du quartier sont donc attendus de pied ferme.

Mercredi midi, pour le tout premier service, L’Avenue comptait 12 réservations, mais devrait monter en charge sous peu. Arendt a déjà annoncé au restaurant que ses effectifs reviendraient finalement plus tôt que prévu, et a donné son feu vert pour agrandir un peu la terrasse.

Le gérant a quant à lui déjà un coup d’avance: il va capitaliser sur le succès du lancement de Kitchen Leb, cuisine libanaise à commander exclusivement en ligne, et élargir son concept à une restauration sur place. Entre septembre et octobre, L’Avenue va ainsi transformer son premier étage en repaire pour les amateurs de moutabal et de houmous. De quoi augmenter le nombre de couverts en salle et pallier les éventuels creux de fréquentation.