Nasir Zubairi, CEO de la Lhoft. (Photo: Romain Gamba/Archives Paperjam)

Nasir Zubairi, CEO de la Lhoft. (Photo: Romain Gamba/Archives Paperjam)

L’agilité, l’accès, l’engagement et la diversité sont quelques-unes des caractéristiques qui placent le Luxembourg au cœur du secteur des services financiers européens et font de la Place luxembourgeoise un environnement idéal pour les fintech. Portant notre regard sur 2020, voici 5 grandes thématiques à suivre.

1. Tokenisation

Nous avons constaté une accélération rapide, au cours des six à neuf derniers mois au Luxembourg, dans l’Union européenne et dans le monde, du développement et de l’acceptation de la tokenisation des titres dans l’industrie des fonds.

Les placements sécurisés tokenisés sont devenus un excellent moyen de fournir des liquidités et de créer des actifs à la disposition d’une nouvelle catégorie d’investisseurs. La tokenisation entraîne également une baisse des coûts dans les catégories d’actifs traditionnels tels que les actions, les pensions, les prêts de titres, la gestion des garanties et, en particulier, les obligations, où le nombre d’émissions augmente. Des initiatives récentes, telles que le lancement de l’European Blockchain Hub, constituent une pierre supplémentaire à l’édifice blockchain au Luxembourg.

Infrachain, LëtzBlock, la Lhoft, le List et le SnT de l’Université du Luxembourg ont uni leurs forces pour créer un hub européen de premier plan pour les projets de recherche, d’éducation et de développement de la blockchain, ainsi que développer les capacités de l’industrie afin de faciliter le déploiement des dernières technologies de cartographie distribuée et de blockchain.

2. Cybersécurité

La gestion des risques cybernétiques deviendra un domaine d’intérêt croissant en 2020, tant en interne que dans l’évaluation des investissements en equity – une attaque majeure pourrait causer des dommages supérieurs à la valeur de l’entreprise. 2020 offrira, espérons-le, une meilleure compréhension des menaces auxquelles sont confrontés les services financiers, ainsi qu’une meilleure anticipation des risques de prolifération et de sophistication croissante de la gestion des risques, et une meilleure approche des solutions de prévention et de réponses axées sur l’intelligence artificielle afin de garantir la protection de l’argent, de la richesse et de la valeur de l’entreprise.

3. Regtech

Considérant l’impact de la politique monétaire européenne et le flux continu de réglementations qui grèvent les coûts liés à la compliance, les institutions financières ont désespérément besoin de réduire leurs coûts pour atteindre des KPI financiers acceptables. Mais il y a une limite à la rationalisation des ressources et aux compressions budgétaires. Il est primordial que les institutions trouvent des solutions qui visent à réduire les coûts liés à la compliance tout en améliorant leur efficacité. 40% des institutions luxembourgeoises continuent de compter en grande partie sur des processus manuels pour être compliant.

L’alternative des solutions regtech, telles que favoriser une meilleure gestion des données et l’automatisation des processus, ou mutualiser des aspects opérationnels tels que le KYC (Know Your Customer) et l’AML (Anti-Money Laundering), est essentielle. L’attrait pour de telles solutions, déjà substantiel, continuera de croître en 2020.

4. Les Paiements

L’annonce de la Libra cette année, une blockchain basée sur un stablecoin et soutenue par un admirable consortium d’entreprises, a été dépeinte à la fois comme une opportunité financière et comme une menace. Que la Libra ait été lancée ou non, l’annonce a réveillé l’industrie des services financiers à de nombreux niveaux. Christine Lagarde a fait preuve d’un grand enthousiasme pour les technologies blockchain lorsqu’elle était à la tête du FMI, et de même maintenant qu’elle est présidente de la Banque centrale européenne. C’est un prélude et un moteur puissant pour l’introduction d’un «euro digital».

La Chine et la Suède ont déjà fait des progrès significatifs sur le développement de leurs propres devises numériques. Je crois que l’accent sera mis davantage sur la Central Bank Digital Currency en 2020. De même, nous allons sûrement voir davantage de solutions orientées vers le client dans la lignée de la directive PSD2 et de l’open banking. Tout-en-un, quand on pense qu’il n’y aura plus de changements significatifs dans les paiements, la réalité prouve le contraire, et l’évolution va se poursuivre. J’attends avec impatience le jour où les paiements deviendront invisibles et sans plus aucune friction.

5. Intelligence artificielle

L’effervescence autour de l’intelligence artificielle va atteindre un pic en 2020. Les gens commenceront à comprendre que les outils et les technologies disponibles autour de l’intelligence artificielle ne sont pas une menace, mais plutôt le moteur d’une plus grande productivité pour les humains en milieu de travail. L’intelligence autonome, la pensée personnelle, l’intelligence artificielle autorationaliste sont encore des concepts lointains.

Il y aura davantage une adoption de solutions d’intelligence automatisée, assistée, augmentée au sein de l’industrie des services financiers afin de stimuler l’efficacité, réduire les coûts, améliorer la prise de décisions et, espérons-le, créer de nouveaux revenus. L’intelligence artificielle, dans nos propres vies, commencera également à entraîner des changements dans nos comportements et dans notre approche des services financiers, ce qui offrira une occasion d’innovation dans le secteur afin de répondre aux nouveaux besoins des clients.