Yves Nosbusch, chief economist chez BGL BNP Paribas, ne voit pas de récession arriver en 2020. (Photo: Sébastien Goossens/Archives Paperjam)

Yves Nosbusch, chief economist chez BGL BNP Paribas, ne voit pas de récession arriver en 2020. (Photo: Sébastien Goossens/Archives Paperjam)

BGL BNP Paribas s’attend à une chute de la croissance partout dans le monde cette année. Mais son chef économiste, Yves Nosbusch, ne voit aucune raison d’être alarmiste actuellement. D’autant que la tension se réduit entre Washington et Pékin.

Alors que l’année 2020 a commencé de manière mouvementée sur le plan géopolitique, , chief economist chez BGL BNP Paribas, a présenté ses perspectives économiques. «Actuellement, nous n’avons pas revu nos prévisions suite à la crise entre l’Iran et les États-Unis», précise-t-il. «L’impact au niveau des marchés a d’ailleurs été très faible jusqu’à présent.»

Pour 2020, l’économiste et son équipe misent sur une réduction de la croissance dans les principales zones. En zone euro, elle devrait passer de 1,1% en 2019 à 0,8% cette année et remonter à 1,3% en 2021. Aux États-Unis, la chute attendue est un peu plus brutale, de 2,3% à 1,5%. La Chine passerait sous la barre des 6% pour la première fois depuis très longtemps (de 6,1% à 5,7%).

«Parmi les grandes puissances économiques, seuls le Brésil et la Chine seront en progression, mais c’est après avoir connu des années difficiles.»

Des indicateurs relativement optimistes

Le cycle de croissance entamé juste après la crise de 2008 est très long et Yves Nosbusch convient qu’il faut s’attendre un jour à une récession. «Mais pour l’instant, nous ne prévoyons rien de catastrophique. Parmi les indicateurs qui, traditionnellement, sont annonciateurs de crises, nous ne percevons aucun signal.»

Et l’apaisement relatif entre Washington et Pékin, au cours du quatrième trimestre de 2019, a eu un effet positif sur les marchés. «Les investisseurs sont à nouveau prêts à miser sur des classes d’actifs plus risquées comme les actions», avance-t-il.

En termes de politique monétaire, le chef économiste de BGL BNP Paribas insiste sur l’inertie de l’inflation sous-jacente (hors prix de l’énergie et prix alimentaires), qui reste coincée aux alentours de 1%, alors que la Banque centrale européenne (BCE) tente, à coups de mesures draconiennes, de lui faire atteindre les 2%.

«La dernière réunion des gouverneurs de la BCE de l’ère Draghi, le 12 septembre, a été très importante par les mesures prises, mais aussi par les positions avancées», pointe M. Nosbusch.

Cette politique pourrait persister sur une période assez longue.
Yves Nosbusch

Yves Nosbuschchief economistBGL BNP Paribas

L’ex-président de la BCE avait alors expliqué que, pour modifier la politique accommodante actuelle, il faudrait que l’inflation atteigne et reste solidement dans la zone des 2%. Il a aussi marqué sa préférence pour l’inflation sous-jacente – excluant donc les prix de l’énergie et des biens alimentaires – en tant que critère de référence.

Christine Lagarde, qui lui a succédé le 1er novembre dernier, a repris exactement les mêmes termes. «Tout cela laisse entendre que cette politique pourrait persister sur une période assez longue», note l’économiste.

Il note par contre une évolution des salaires en zone euro plus importante que l’inflation, aux alentours de 2%. Une poussée qui devrait se répercuter à un moment donné sur l’inflation… Mais quand? «Une étude de la Bundesbank montre qu’en Allemagne, une augmentation de 1% des salaires entraîne une hausse de 0,3% des prix à la consommation. Mais cette répercussion peut prendre plus d’un an.»