Yves Elsen, managing partner et CEO d’Hitec. (Photo: Nader Ghavami)

Yves Elsen, managing partner et CEO d’Hitec. (Photo: Nader Ghavami)

Poussée par sa croissance, la société Hitec, notamment présente dans le domaine des satellites, a quitté son siège historique de Hollerich pour s’installer à Mamer.

Cet article est paru dans l'édition mars 2019 du .

«Nous réfléchissions à ce déménagement depuis plusieurs années. La société a grandi, les effectifs ont augmenté et nous avions besoin d’un espace mieux organisé.»

Comme l’explique , managing partner et CEO, Hitec a mis le cap, début 2019, sur Mamer. La société spécialisée dans l’ingénierie de haut niveau a donc quitté ses locaux de Hollerich. «Le transfert a débuté en fin d’année et nous étions opérationnels au 2 janvier. Nous passons d’environ 1.100 m2 à 1.800 m2, et nous sommes désormais de plain-pied, avec des espaces dédiés au stockage, à nos ateliers, et nous pouvons ainsi prévoir l’avenir.»

Hitec a réalisé pour l’exercice 2018 un chiffre d’affaires d’environ 7,5 millions d’euros. «Nous sommes en croissance cons­tante puisque durant les années 2013-2014, le CA était d’environ 5 millions d’euros. Notre effectif atteint 49 personnes et nous continuons à recruter.»

Conquête de l’espace

Hitec est présente dans quatre domaines d’activité: la gestion de projets, la conception et la fabrication de produits industriels, les TIC, et la gestion du trafic. «Ils représentent chacun 15 à 35% de notre CA. Nous fabriquons, par exemple, des appareils de mesurage de noir de carbone (de petites billes noires qui sont ajoutées au caoutchouc, ndlr), qui a les propriétés physiques de renforcer les pneus. Nous travaillons avec des groupes comme Goodyear au Luxembourg, ou Michelin à l’international. Nous ne sommes que quatre entreprises dans le monde à fabriquer de tels appareils, c’est donc le savoir-faire du Luxembourg qui s’exporte.»

Hitec intervient également sur la réalisation d’antennes pour la téléconduite et la télémesure des systèmes de satellites géostationnaires en moyenne et basse altitudes. «Nous ne les fabriquons pas nous-mêmes, nous travaillons avec des partenaires européens qui réalisent la construction et l’installation. Nous travaillons pour des opérateurs comme SES ou Telespazio sur des grands projets pour l’Agence spatiale européenne (ESA), ou encore pour le centre de recherche allemand DLREV», ajoute celui qui est également président du Luxembourg Space Cluster.

La technologie d’Hitec fait aussi partie du dispositif de la gestion du trafic. «Nous apportons une assistance technique à l’Administration des ponts et chaussées, intervenons sur la fluidité du trafic, l’optimisation des flux, ou la récupération des données, par exemple, au niveau des panneaux dynamiques, et réalisons des services de maintenance.»

Une valise en cas de crise

L’expertise de l’entreprise dans les TIC se décline aussi dans des situations plus périlleuses. «Le grand projet sur lequel nous travaillons, en partenariat notamment avec Luxembourg Air Rescue, est , avec un système de communication conçu en cas de crise ou de catastrophe naturelle, qui s’intitule ‘NoSaCo’. Il s’agit de petites valises de 28 kg qui sont de vrais centres de communication déployables. Il faut juste se connecter à une antenne satellitaire, et ces coffrets ont été conçus pour pouvoir être utilisés par des personnes qui ne sont pas forcément ingénieurs réseaux ou télécoms.» Un projet qui amène Hitec à collaborer avec des agences onusiennes, comme le Fonds alimentaire mondial.

40% des activités d’Hitec se déroulent à l’international et 60% dans le secteur privé. Bénéficiant du rayonnement du Luxembourg dans le domaine de l’espace, Hitec évolue dans ce secteur depuis 10 ans. «Nous venons, par exemple, de signer un projet de l’ESA qui se nomme ‘Plato’, une mission dans le domaine de l’observation de la Terre où nous travaillons pour le groupe allemand OHB Space, troisième groupe européen dans ce domaine après Airbus et Thales. Nous sommes leur sous-traitant pour l’assurance qualité produit sur les composants de la charge utile du satellite. Pour nous, c’est un nouveau pas vers l’espace, parce qu’auparavant nous étions plutôt axés sur le segment sol, et avec ce nouveau projet, nous commençons à travailler sur le segment spatial.»

Membre de l’ESA, visible à l’étranger via l’initiative lancée en 2016, le pays mise sur l’aérospatiale comme une des composantes de son secteur de haute technologie. Et l’un des moteurs de sa diversification. Les ambitions «stellaires» du Grand-Duché remontent au début des années 1980 avec la création de SES, qui se revendique aujourd’hui comme le premier opérateur mondial de satellites. De quoi augurer de nouvelles conquêtes spatiales pour Hitec.