Pour documenter cette période inédite et témoigner de l’impact de la pandémie de Covid-19, six photographes ont répondu à l’appel du Centre national de l’audiovisuel (CNA) qui leur a laissé carte blanche pour porter leur regard sur les environnements sociaux ainsi que les paysages urbains et naturels du Luxembourg. Mais comment témoigner de ces pertes de libertés, des bouleversements de nos habitudes, de la réappropriation de nos espaces privés et publics et de l’adaptation de nos modes de vie?
Chacun a trouvé une réponse propre en parcourant le territoire qui lui était assigné. Patrick Galbats, confiné à Bruxelles, propose un journal intime, Romain Girtgen photographie Dudelange et le Sud, Véronique Kolber les villes et villages du Nord, Andrés Lejona la Moselle, Carole Melchior le paysage autour de la frontière belgo-luxembourgeoise, et Marc Schroeder intervient à Luxembourg-ville. Autant de regards qui donnent à voir différemment un quotidien en temps de crise sanitaire.
Ces séries photographiques ont été diffusées par le CNA sur ses réseaux sociaux à partir du 12 avril. Paperjam.lu les diffuse à travers une série de six articles.
Les chroniques photographiques de Romain Girtgen






































Romain Girtgen: «Investiguer dans Dudelange, Esch et le sud du Luxembourg pendant ce confinement forcé me révèle des paysages urbains et naturels dans un tout nouvel état d’esprit. Ce terrain, qui m’est parfaitement familier et qui en temps normal bourdonne, est soudainement à l’arrêt. Prendre des photos n’est pas facile… il n’y a personne! On se croirait tous les jours un dimanche après-midi où les gens restent chez eux. Au marché à Esch, quelques personnes osent sortir. Les vitrines des bistrots cachent des chaises repliées et des comptoirs vides… Je pars à vélo pour capter ces rues vides, l’attente, l’arrêt, les activités en plein air… et cette nouvelle manière de se rencontrer imposant une distance de 2 mètres et le port d’un masque. Cette nouvelle situation a aussi un impact sur ma propre vie, ma famille, mon entourage direct. D’un jour à l’autre, on se retrouve isolé de ses proches, et la notion de temps commence à prendre une nouvelle dimension.»