La CSL considère que «la situation saine des finances publiques luxembourgeoises» permet de maintenir les investissements publics et les mesures de soutien. (Photo: Matic Zorman/Archives)

La CSL considère que «la situation saine des finances publiques luxembourgeoises» permet de maintenir les investissements publics et les mesures de soutien. (Photo: Matic Zorman/Archives)

Un État social fort est plus que jamais nécessaire, selon la CSL, qui présentait ce jeudi une note sur la stratégie de sortie de crise. Retourner trop vite à la rigueur budgétaire étoufferait toute possibilité de reprise économique. Les mesures de soutien doivent donc être maintenues.

«L’indispensable nécessité d’un État social fort est désormais manifeste», juge à la lumière de la crise que nous traversons la Chambre des salariés (CSL), qui présentait ce jeudi 14 mai une note sur la stratégie de sortie de crise intitulée «Pour une reprise socialement juste», qui propose une série de mesures. «Nous lui devons beaucoup et il faudra s’en souvenir lorsque les événements seront plus cléments.»

La pertinence des idées libérales, qui s’attaquent au modèle de l’État-providence, est quant à elle remise en cause. Car il faut disposer «d’infrastructures et de services publics forts, modernes et performants».

«Une révision du plan hospitalier s’impose»

Preuve en est avec la politique menée dans le domaine de la santé, selon la CSL, «à l’évidence trop marquée par des considérations de limitation de coûts et un manque d’investissements tant en personnel qu’en matériel technique nécessaire et en infrastructures».

Selon la carte sanitaire de 2017, 2.183 lits aigus, dont 169 lits de soins intensifs, étaient disponibles. Un chiffre en baisse par rapport à 2015, avec ses 2.317 lits aigus. Une évolution qui est totalement en «contradiction avec l’augmentation galopante de la population résidente au Luxembourg et transfrontalière depuis ces dernières années», remarque la CSL.

«Une révision du plan hospitalier s’impose», juge la CSL, «de même qu’un plan pour recruter et former plus de médecins et autres professionnels de la santé et des soins aux personnes». Une importance particulière doit aussi être donnée aux activités de recherche dans le domaine de la santé et des soins, ainsi qu’aux entreprises travaillant dans et pour le secteur des soins et de la santé.

Un des risques majeurs que nous courons, selon la CSL, serait de revenir trop vite à des politiques d’austérité et à la rigueur budgétaire, comme après la crise financière de 2008, ce qui a «étouffé la reprise économique».

Moduler les aides selon les secteurs

Il faut donc maintenir les mesures de soutien. Mais les moduler selon les secteurs. La CSL distingue ainsi le secteur des services, où le recours au télétravail a permis de ne pas interrompre l’activité, et le secteur horeca, le petit commerce, les petites entreprises artisanales, le secteur horticole et agricole, le secteur culturel, qui sont, eux, très fortement impactés.

De même, «il n’est pas encore établi dans quelle mesure» le secteur financier souffre de la pandémie du Covid-19. Alors qu’«il est nécessaire de suivre attentivement la situation pour éviter une détérioration supplémentaire de notre tissu industriel».

Le secteur bancaire doit quant à lui jouer pleinement «son rôle de solidarité en ce qui concerne le soutien à l’économie luxembourgeoise», au vu de la garantie de l’État portant sur 85% du montant d’un nouveau prêt accordé aux entreprises.

Les aides publiques aux entreprises doivent ainsi «être évaluées»: «S’il s’agit effectivement de préserver la liquidité des entreprises, ces aides ne sauraient être considérées comme des subventions définitives, mais plutôt comme des aides remboursables si l’activité des bénéficiaires redevient profitable.»

Renforcer le pouvoir d’achat

La relance de l’économie passe aussi «nécessairement par la demande interne». Il faut donc «renforcer le pouvoir d’achat des ménages à faible ou moyen revenu qui diminue actuellement du fait du recours massif au chômage partiel et éviter que les inégalités se creusent davantage en raison des effets directs et indirects de la crise sanitaire».

«Le nombre de ménages qui sont au bord du gouffre est en train d’augmenter, notamment pour ceux qui ont un emploi précaire», s’inquiète la CSL. Or, soutenir le pouvoir d’achat de ces ménages permet aussi de renforcer l’économie locale. «Il existe à l’évidence un lien entre le maintien du pouvoir d’achat des couches sociales à faible et moyen revenu et le fonctionnement des entreprises qui ont des activités locales et régionales», estime la CSL.

Et «la situation saine des finances publiques luxembourgeoises» permet de maintenir les investissements publics, assure la CSL. D’autant qu’«il est possible de dégager par des réformes socialement justes au niveau fiscal des recettes supplémentaires».