Christophe Diricks: «(…) suite au départ du Royaume-Uni de l’UE, le Luxembourg se porte bien, selon une étude de la société britannique de services immobiliers Knight Frank.» (Photo: DR)

Christophe Diricks: «(…) suite au départ du Royaume-Uni de l’UE, le Luxembourg se porte bien, selon une étude de la société britannique de services immobiliers Knight Frank.» (Photo: DR)

En amont de l’événement 10x6 Finance: Luxembourg post-Brexit organisé par le Paperjam + Delano Club le jeudi 25 mars, l’un des orateurs, Christophe Diricks (KPMG Luxembourg) partage sa vision du Luxembourg post-Brexit.

Pouvez-vous donner un exemple de changement (pour vous ou votre organisation) entraîné par le Brexit?

– «Pour KPMG, en fait, il y a eu peu d’impact sur notre fonctionnement. Du moins, pas de manière directe. Au niveau opérationnel, nous avons continué à aider nos clients sur les thématiques importantes pour la gestion et le développement de leurs activités. Néanmoins, certainement, le Brexit a généré énormément de questionnements auprès de nos clients sur la fiscalité des sociétés et des personnes physiques, les droits de douane, la mobilité, la TVA, la réglementation ou des aspects autour des licences pour pouvoir distribuer les services financiers en Europe. Dans ce cadre, nous avons été sollicités pour les accompagner dans l’obtention de passeports européens tels que AIFMD ou Mifid. Le Brexit aura été l’occasion dans ce contexte d’accentuer la collaboration avec nos collègues KPMG au Royaume-Uni, ce qui nous a permis de nous rapprocher sur certains sujets pour assister nos clients dans la transition.    

Le Brexit a-t-il changé votre vision de l’UE? Si oui, de quelle manière?

«Ma vision de l’Union européenne est positive. Elle l’était déjà avant et s’est renforcée à la lueur de l’une des négociations les plus historiques de l’Union européenne. De mon point de vue, les négociations qui ont amené au Brexit ont été gérées de manière remarquable par l’équipe de Barnier, dans le sens où ils se sont assurés de parler systématiquement d’une seule voix, et ce malgré les diverses tentatives des Britanniques de diviser les Européens entre eux. L’Union européenne a su se rassembler et faire poids autour de l’intérêt général des 27 États membres. Donc, il est remarquable que, dans une certaine «désunion», nous ayons vu plus d’unions. Je pense aussi que c’est un message fort que l’Union européenne a donné à l’ensemble des États membres: comme l’a rappelé Michel Barnier tout au long des négociations, l’Europe n’est pas une option, c’est une obligation, et il n’est pas possible de bénéficier des droits et avantages du marché unique sans honorer les obligations inhérentes.

Si vous pouviez conseiller le gouvernement luxembourgeois sur les moyens de tirer parti du Brexit, que suggéreriez-vous?

«Il ne faut pas se leurrer, le Royaume-Uni sera toujours un acteur principal et incontournable, de par sa taille et ses activités. Le système sera hybride: les prestataires de services financiers auront une plateforme à Londres pour leurs clients non européens et devront avoir une autre supervisée dans l’un des 27 États membres, pour proposer leurs produits aux Européens. Le Royaume-Uni est et restera un allié, un partenaire commercial et économique de poids, et nous souhaitons que le Luxembourg soit le partenaire de choix pour la distribution de fonds ‘grand public’ et ‘alternatifs’. Nous devrons continuer à collaborer dans un cadre commun tout en restant vigilants sur les évolutions, les changements implémentés par le Royaume-Uni. La place financière luxembourgeoise a une carte à jouer afin d’être la passerelle du Royaume-Uni vers l’Union européenne, et ainsi être le vecteur de nouveaux produits et innovations dans le domaine de la finance. On a tout à y gagner!»