Le Brexit produit déjà des effets très concrets, jusqu’à présent bénéfiques pour le Luxembourg. (Illustration: Maison Moderne)

Le Brexit produit déjà des effets très concrets, jusqu’à présent bénéfiques pour le Luxembourg. (Illustration: Maison Moderne)

Les journalistes de Paperjam vous proposent chacun un regard personnel sur un fait marquant de l’actualité de 2017.

Tapez «Brexit» sur Google, vous obtenez 100 millions de résultats. C’est deux fois moins que Rihanna ou Ed Sheeran, mais un peu plus que Beyoncé. Sauf que le phénomène a moins de deux ans et reste limité à l’Union européenne. Impact maximal, donc.

Au Luxembourg, le chiffre de clôture annuel pour le Brexit, c’est le 10. Une dizaine qui signifie le nombre de compagnies d’assurance qui ont rejoint la Place dans le cadre de la sortie programmée du Royaume-Uni de l’Union européenne.

Un score inattendu, qui a surpris par son ampleur les différents représentants du secteur. Mais lorsqu’un acteur du poids de l’Américain AIG lance à la face des marchés qu’il rejoint la Place luxembourgeoise pour préserver son précieux passeport européen — en mars 2017 —, les vannes sont évidemment grandes ouvertes pour tous les autres.

Mois après mois, le compteur s’est donc mis à tourner pour atteindre le total de 10 compagnies, dont trois Japonaises, en fin d’année. Des sociétés essentiellement orientées vers les services aux entreprises, un secteur peu développé sur la Place. Ce qui n’est finalement pas plus mal.

Toutes ont unanimement salué l’accueil reçu auprès du Commissariat aux assurances lors de leurs premières démarches, avant même d’avoir fait un choix entre les différentes places susceptibles de les intéresser. Un «gendarme» du secteur qui a aussi pour particularité de ne s’occuper que d’un secteur et pas du monde financier dans son ensemble. Un autre avantage qui a fait son effet.

D’accord, à Paris ou Francfort, les arrivées avec une poignée d’employés à peine de sociétés comme Hiscox, Tokio Marine, Aioi ou Sompo International n’auraient sans doute pas fait la une de la presse économique. Mais l’événement n’est pas pour autant à relativiser pour une Place comme Luxembourg.

Premièrement, parce que les exigences de substance font que des postes de direction seront créés. Ensuite, parce que Luxembourg comme centre financier sera encore mieux considéré de New York à Tokyo. Enfin, parce que les 10 ou 15 postes qui seront créés au sein de chaque structure en entraîneront peut-être d’autres dans un futur plus ou moins proche. Un flux régulé qui permettra aussi au secteur immobilier d’absorber plus confortablement ces créations de postes qu’en une seule vague massive.

Bref, neuf mois à peine après le vote des Britanniques, le 23 juin 2016, le Brexit a prouvé à ceux qui doutaient de ses effets qu’il ne faudrait même pas attendre le début des négociations pour ressentir les premières secousses, qui auraient encore été plus fortes si Lloyd’s avait aussi rejoint le Kirchberg. Mais cette fois, l’épicentre s’est fixé sur Bruxelles. On ne peut pas gagner à tous les coups. Rassurez-vous: dans les hautes sphères, on se frotte les mains en cachette des succès engrangés, tout en continuant à regretter officiellement le départ du partenaire britannique.