L’autonomie du pouvoir local et les prérogatives dont disposent les élus communaux influent la crise du logement.  (Image: Fonds du logement)

L’autonomie du pouvoir local et les prérogatives dont disposent les élus communaux influent la crise du logement.  (Image: Fonds du logement)

La crise du logement latente renvoie aussi à la responsabilité des pouvoirs publics. Les partis réagissent. Aujourd’hui: Ambitions nationales vs prérogatives communales. 

Ambitions nationales vs prérogatives communales. 

Organisée dans la perspective de la composition des programmes électoraux qui précéderont les élections de l’an prochain, l’initiative de Paperjam sur la crise du logement met notamment en lumière le lien à recréer entre achat d’un logement et occupation de ce dernier, le cas échéant. Des mesures pour éviter que l’immobilier constitue, chez certains investisseurs, un pur bien spéculatif sont ainsi évoquées par les partis. «Il faut limiter les investissements immobiliers spéculatifs. La priorité d’achat incombe aux primo-accédants», déclare par exemple le LSAP. Si les formations politiques dévoileront leurs approches sur le logement à l’échelle nationale avant les législatives d’octobre 2023, le dossier se jouera dès le mois de juin 2023 avec la tenue d’un autre scrutin: les élections communales. L’autonomie du pouvoir local et les prérogatives dont disposent les élus communaux influent en effet de manière non négligeable sur la crise du logement.

 Il faut limiter les investissements immobiliers spéculatifs.
Yves Cruchten

Yves Cruchten Député et président de la fractionLSAP

Faut-il, du coup, réduire le nombre de communes pour rationaliser la problématique? «Plus une commune est grande, plus elle dispose, à travers ses services urbanistiques et techniques, des capacités et du personnel nécessaires pour traiter les autorisations de bâtir, mais également pour développer ses propres projets immobiliers», appuie déi Lénk, en principe en faveur de la mesure. Un sujet électoral sensible. Le LSAP et les Pirates s’en remettent aux citoyens par voie de référendums. L’ADR réfute cette idée et défend l’autonomie communale: «Une petite commune est plus efficace et connaît son territoire mieux qu’une “super-commune” ou un guichet étatique.» Déi Gréng souhaite, pour sa part, «encourager la fusion des communes en soutenant davantage la coopération régionale, si nécessaire, en complétant la réforme des finances communales et en réformant la loi sur les syndicats communaux».

Si le Pacte logement 2.0 vise à accompagner davantage les communes en moyens et ressources pour construire des logements abordables, les partis s’accordent sur le besoin de mieux doter l’échelon local pour suivre la cadence de construction de logements et les indispensables infrastructures publiques ad hoc. Des communes qui pourraient avoir recours à un professionnel du logement comme peut l’être le Bouwmeester (maître architecte), existant en Belgique, idée soutenue par déi Lénk et le LSAP, en évitant les doubles emplois. La question est justement posée par les Pirates: cette fonction ne pourrait-elle pas être remplie (ou assurée) par les conseillers en logement qui sont mis à disposition de chaque commune dans le cadre du Pacte logement 2.0?

Encourager la fusion des communes en soutenant davantage la coopération régionale, si nécessaire, en complétant la réforme des finances communales et en réformant la loi sur les syndicats communaux.
Semiray Ahmedova

Semiray AhmedovaDéputée et présidente de la commission du logementdéi Gréng

De mesures pragmatiques à la refonte de l’architecture gouvernementale, en passant par une expérimentation qui casse certains codes, la crise du logement se résoudra par un faisceau de solutions. De l’avis de tous les responsables politiques, toutes doivent converger vers un même but: permettre à chacun d’avoir le droit de disposer d’un logement décent à un prix tout aussi décent. Un droit impérieux qui figure même dans le projet de nouvelle Constitution. Si la concorde est affichée sur les principes et dans la plupart des mesures du côté des partis, deux facteurs seront déterminants pour passer des principes aux actes: le courage et la volonté politiques.