Les armées du monde ont-elles encore besoin des humains? Et de quels armements complémentaires pour leurs soldats? Des questions auxquelles doivent répondre les «Red Teams». (Photo: Shutterstock)

Les armées du monde ont-elles encore besoin des humains? Et de quels armements complémentaires pour leurs soldats? Des questions auxquelles doivent répondre les «Red Teams». (Photo: Shutterstock)

Derrière l’aspect spectaculaire du défilé du 14 juillet à Paris se cache une stratégie pour l’innovation au bénéfice des armées françaises, comme elle existe dans tous les grands corps d’armée. Une «Red Team» va devoir écrire les scénarios du futur.

25 juillet 1909, 4h41 du matin, Louis Blériot décolle de Sangatte, dans le nord de la France. L’aviateur met 26 minutes pour traverser la Manche et rallier Douvres. Jeudi prochain, 110 ans plus tard, Franky Zapata ne sera pas autorisé à réitérer l’exploit sur son flyboard, dont les images ont fait le tour du monde après sa prestation pendant le défilé du 14 juillet.

Les quatre mini-réacteurs et cette drôle de planche volante intéressent l’armée française, qui y a investi 1,5 million d’euros, et il n’est pas question que l’ancien champion du monde de jet-ski offre le spectacle d’un échec à toute la planète. Le préfet maritime français a mis son veto à cette idée, révélée par CNN mercredi.

À quoi pourra servir son invention? Difficile à dire, mais la nouvelle Red Team française y travaillera dès que les quatre ou cinq auteurs de science-fiction auront été recrutés, conformément au «» (Doid) publié par le ministère français des Armées pour la période 2019-2025.

«Les prospectivistes et auteurs de science-fiction» devront livrer «des éléments de prospective disruptive qui peuvent aider à réfléchir aux conséquences stratégiques de l’arrivée de ‘technologies disruptives’; les usages asymétriques possibles des technologies (p. ex l’intelligence artificielle) par des éléments malveillants étatiques ou non étatiques qui arrivent à maturité, notamment hors défense (et hors cyber)».

D’un point de vue stratégique, cela n’a rien d’une vue de l’esprit. La science-fiction a souvent aidé l’innovation en poussant l’imagination des ingénieurs, comme le rappelle le volume 4 de la revue «Innovation et technologies» de l’ISTE, dont voici quelques liens qui relèvent de l’open science:

;

;

.

Que va-t-on faire de cette volonté d’innovation? Les pistes sont assez ouvertes, rappelle Laurent Lagneau sur son blog Opex360: combat collaboratif, intelligence artificielle capable de doper les tâches de détection-reconnaissance et identification, robotique, big data, armes hypersoniques, information quantique ou nouvelles générations de senseurs.

Plus précis encore, il évoque les technologies à énergie dirigée, appuyées sur des lasers, notamment utilisées contre les drones, les canons électromagnétiques, les coopérations opérationnelles et numériques entre hélicoptères et drones, la maintenance prédictive, l’impression 3D et les textiles intelligents.

La cyberguerre, champ de bataille moderne

D’autres évoquent plutôt des mixages de technologies ou des usages détournés de technologies existantes pour répondre à des cas d’usages spécifiques.

D’autres enfin rappellent que les guerres ne se gagneront plus avec des hommes, ni même de gentils ou méchants robots à leur place, mais par la capacité des États à livrer des cyberguerres.

Dans les deux derniers cas, les auteurs de science-fiction travaillent déjà dessus depuis des années.

En 2016, , surtout aux États-Unis, où le roman était ouvertement évoqué par les généraux américains, parmi lesquels son plus grand fan, le général Robert Neller, qui commandait les Marines.

«», de l’ancien prévisionniste du Quai d’Orsay, le ministère français des Affaires étrangères, et ex-vice-président d’Airbus Jean-Louis Gergorin, en offre une autre vision.

Les experts préfèreront le livre de François-Bernard Huyghe, Olivier Kempf et Nicolas Mazzucchi, «», qui livre une véritable méthodologie stratégique.

Le terme de «Red Team» est connu depuis longtemps et il est emprunté au monde de la sécurité opérationnelle. Les Red Teams existent pour challenger les organisations, en détecter les failles et permettre de les corriger avant que ne survienne le pire.

Deux des quatre avions impliqués dans les attentats du 11 septembre venaient de l’aéroport de Boston, par exemple, où .