L'ère du numérique va non seulement changer l'organisation du travail, mais aussi les rapports sociaux, estime Michel Wurth. (Photo: Mike Zenari/archives)

L'ère du numérique va non seulement changer l'organisation du travail, mais aussi les rapports sociaux, estime Michel Wurth. (Photo: Mike Zenari/archives)

Monsieur Wurth, l’ère du numérique doit-elle faire peur aux salariés qui ne sont pas en contact direct avec des outils digitaux, comme dans le domaine industriel?

«L’introduction de l’intelligence artificielle et de l’automatisation des processus de production est, selon moi, une chance pour les entreprises. Mais si ces changements vont permettre d’augmenter la productivité, ils vont aussi fondamentalement transformer les rapports sociaux. Il faut donc faire en sorte d’anticiper ces mutations inévitables pour ne pas créer de la peur et pour qu’entreprises, salariés et indépendants puissent se préparer.

L’idée de la tenue de ce colloque est liée aux bouleversements que va connaître l’organisation du travail avec l’arrivée des nouvelles technologies. Dans ce contexte, il nous a semblé intéressant de réfléchir à cette thématique avec les partenaires sociaux.

Le besoin de nouvelles compétences va-t-il accentuer les difficultés du Luxembourg à trouver et retenir les talents?

«Non, je ne pense pas. Au contraire. Notre économie est caractérisée par une croissance extensive, c’est-à-dire qu’elle est directement liée à la création d’emplois. L’objectif de la 3e révolution industrielle est de croître davantage la productivité et donc d’augmenter le PIB par emploi, et non le nombre d’emplois.

Nous sommes dans un marché du travail régional où 70% des travailleurs n’ont pas le passeport luxembourgeois. L’enjeu est donc d’attirer les bonnes personnes et de mettre en place un système de formation continue performant pour assurer notre développement. On pourra ainsi entrer dans un schéma de croissance vertueuse.

Justement, si la formation continue représente une opportunité pour les petites entreprises, elle est aussi synonyme de coût supplémentaire. Dans ce contexte, pensez-vous que les PME luxembourgeoises pourront s’adapter?

«Il faut voir l’ère du numérique comme une opportunité. D’ailleurs, au lieu de parler de coût, je préfère parler d’investissement. La formation des employés va faire partie de la nouvelle organisation du travail de chaque entreprise. Avoir des collaborateurs qui disposent de compétences plus larges et qui travaillent mieux est, pour moi, une bonne chose. Les entreprises qui forment le plus leurs personnels seront d’ailleurs probablement celles qui réussiront le mieux.

Un des intérêts des discussions de demain sera de voir comment on peut améliorer les mécanismes d’aides à la formation. Il faut les repenser autant du point de vue du salarié et de l’entreprise, que du gouvernement, pour encourager à former mieux.»