Andrea Rumpf entend bien poursuivre les missions de plateforme d’échanges et de débats sur les thèmes liés à l’architecture et à l’environnement bâti. ( Photo: Olivier Minaire / archives )

Andrea Rumpf entend bien poursuivre les missions de plateforme d’échanges et de débats sur les thèmes liés à l’architecture et à l’environnement bâti. ( Photo: Olivier Minaire / archives )

Madame Rumpf, la Fondation de l’architecture et de l’ingénierie devient le Luxembourg Center for Architecture. Pourquoi cette évolution?

«Nous nous sommes aperçus que ce nom était mieux adapté à nos missions, nos activités et notre fonctionnement pour tout ce qui concerne notre production intellectuelle et culturelle. Depuis 2008, nous avons mené une étude pour analyser notre structure afin de mieux la développer. Nous sommes arrivés à la conclusion que nous faisons le même travail que d’autres structures à l’étranger qui s’appellent 'centres d’architecture'. Ces institutions sont déjà bien connues et identifiées dans le milieu de la culture ainsi que par le public qui comprend aisément leurs missions, sans explications supplémentaires, comme ce peut être le cas pour un musée d’art. Les centres d’architecture se distinguent aisément d’une fondation qui utilise ses intérêts sur son patrimoine pour le mettre au service d’autres projets, ou encore d’une maison de l’architecture qui est plus dans une démarche de lobbying de la profession. C’est donc dans un souci d’identification et de communication que nous avons choisi de devenir Luca. Le nom de Fondation de l'architecture et de l'ingénierie existe toujours, mais la partie culturelle est désormais visible sous le nom de Luca. 

Est-ce seulement un changement de nom ou est-ce que vos actions vont également évoluer?

«En aucun cas nous ne voulons être une institution dans une tour d’ivoire et qui n’apporte rien au développement du pays. C’est aussi pour cela que nous avons choisi un nouveau type de gouvernance, avec un niveau décisionnel incarné par le conseil d’administration et la direction et un niveau consultatif, représenté par un panel de personnes impliquées dans le secteur de l’architecture et de la construction, aussi bien des professionnels que des personnes de la société civile, des acteurs de la construction et de l’immobilier que des chercheurs ou des représentants des maîtres d’ouvrages publics.

Par ailleurs, comme nous nous donnons la mission d’être un centre d’architecture à l’échelle nationale, nous ne pouvons pas concentrer nos activités sur le territoire de Luxembourg-ville. Même si nos activités se sont toujours adressées à tous les citoyens du pays, nous voulons mettre plus spécifiquement en place des actions dans le nord et le sud du pays avec des formats adaptés et réalisés en collaboration avec des acteurs locaux comme le CAPe à Ettelbruck, le Musée d’Histoire à Diekirch et le 1535°C à Differdange. Il s’agit de structures qui ont actuellement de jeunes directeurs et qui ont la volonté de s’ouvrir à d’autres domaines. Par ailleurs, nous allons à l’avenir renforcer notre travail sur les archives d’architecture, mission qui nous a été confirmée par le ministère de la Culture. Pour autant, nous ne voulons pas être un centre d’archives d’architecture. Nous n’avons ni les moyens ni les compétences professionnelles pour le faire. Par contre, nous pouvons utiliser notre réseau pour attirer des fonds, les traiter et transmettre ce qui est intéressant aux Archives nationales. Pour ce faire, nous pourrons compter sur l’aide de Robert Philippart qui a déjà une grande expérience dans ce domaine. Nous allons également mettre en place un système de guichet unique qui permettra aux personnes qui recherchent des archives sur l’architecture de pouvoir les localiser. Le nouveau site internet va dans un futur proche renseigner quel type de document peut être trouvé dans les collections publiques. Ce site permettra une redirection vers les sites des autres institutions où il est possible de faire une recherche plus affinée.

Est-ce que le Luca coûte plus cher que la Fondation de l’architecture et de l’ingénierie?

«Pour le moment non, car nous travaillons uniquement avec le budget dont nous disposons et qui n’a pas spécialement augmenté. Nous arrivons avec notre équipe de trois personnes à organiser près d’une soixantaine de manifestations et d’événements. Une des grandes différences avec les autres centres d’architecture est que nous sommes financés à 80% par des fonds privés. À l’étranger, c’est exactement l’inverse puisque ce sont majoritairement le gouvernement et la ville d’accueil où se trouve le centre qui financent ces structures. Mais cela ne nous pose pas de problème. Le budget annuel est d’environ 350.000 euros auxquels s’adjoignent les subsides supplémentaires quand nous réalisons l’exposition pour le pavillon luxembourgeois à la Biennale d’architecture de Venise. Toutefois, si nous parvenons à avoir de nouvelles ressources financières, nous pourrons développer notre activité. Il y a des projets à long terme que nous aimerions mettre en place et qui nécessitent un budget stable et dédié à cette dépense.»