Norbert Becker: «Le respect des relations interpersonnelles compte beaucoup pour les Chinois.» (Photo: Laurent Antonelli / archives)

Norbert Becker: «Le respect des relations interpersonnelles compte beaucoup pour les Chinois.» (Photo: Laurent Antonelli / archives)

Ce vendredi matin, la China Everbright Bank procédera à sa cérémonie d’ouverture au centre de congrès du Kirchberg. Ce sera la 7e banque officiellement active au Grand-Duché. Deux Luxembourgeois siègent au conseil d’administration: Robert Goebbels et Norbert Becker.

Ce dernier, déjà très actif dans le secteur financier au Luxembourg (il est notamment président du conseil de surveillance de PayPal (Europe) et membre des conseils d’administration de Lombard International Assurance et de Quilvest, après avoir cofondé la banque privée CBP Quilvest), est convaincu du bien-fondé de la stratégie de développement des banques chinoises en Europe et particulièrement au Luxembourg.

Monsieur Becker, quel regard portez-vous sur le développement, à la fois discret, mais très concret, des banques chinoises au Luxembourg?

«Les banques chinoises établies au Luxembourg y sont en raison des compétences agrégées de la Place, de la capacité d’innovation, comme la Bourse de Luxembourg, et l’extraordinaire ouverture sur les marchés européen et mondial. Dans une circonférence de 700km autour de Luxembourg se trouvent 70% de la fortune privée européenne. 

Les banques chinoises accompagnent les entreprises chinoises souhaitant faire des affaires en Europe.

Vous êtes administrateur de la China Everbright Bank. En quoi la gouvernance d’une banque chinoise se différencie-t-elle des autres institutions financières dont vous êtes – ou avez été – également administrateur?

«Je ne peux parler que pour la China Everbright Bank. Sa gouvernance respecte scrupuleusement les législations. Les politiques et règlements internes de la banque sont préparés par les responsables de la banque et sont revus et approuvés par le conseil d’administration qui s’implique dans la revue de ces documents et propose des amendements qui sont généralement approuvés par le management local.

Un aspect particulier des banques chinoises est bien évidemment la langue et il est impératif que toute la documentation de la banque soit en anglais, ce qui est le cas à la China Everbright Bank.

Qu’est-ce que l’Europe en général et le Luxembourg en particulier ont à gagner en approfondissant leurs relations d’affaires avec la Chine?

«Qu’on le veuille ou non, la Chine jouera un rôle de plus en plus important dans le monde. Je prends l’exemple du continent africain: alors que les Européens et les Américains ne se sont intéressés que marginalement aux ressources naturelles en Afrique, les Chinois contrôlent aujourd’hui des pans complets de ressources. 

Construire une solide relation avec la Chine est impératif dans l’évolution du monde et la future nouvelle répartition des forces économiques. Le Luxembourg a une carte à jouer dans ce contexte: respectueux des traditions et cultures de toutes les nations, le pays ne s’impose pas. Or, dans la culture chinoise, un élément très important est ‘Guanxi’.

En substance, les relations interpersonnelles priment sur les relations d’affaires. Or, dans nos sociétés européennes ou américaines, c’est l’inverse: d’abord les relations d’affaires, ensuite les relations interpersonnelles.

Le Luxembourg, par son histoire et son ADN collectif, est respectueux du ‘Guanxi’, ce qui facilite beaucoup notre attraction pour la Chine.»