Évolution de la composition de l’emploi salarié intérieur. (Photo: Maison Moderne)

Évolution de la composition de l’emploi salarié intérieur. (Photo: Maison Moderne)

La forte progression de l’emploi salarié intérieur a surtout été assurée par l’afflux de travailleurs frontaliers, selon une étude du Liser.

L’emploi salarié a plus que doublé au Luxembourg sur les 25 dernières années, signe de l’incroyable décollage économique du pays à partir de la fin des années 1980. Le Grand-Duché est donc passé de 190.000 salariés en 1994 à 440.000 en 2019, d’après les chiffres de l’Inspection générale de la sécurité sociale. Une progression qui s’est grandement appuyée sur la Grande Région, puisque le nombre des résidents sur le marché du travail luxembourgeois a été multiplié par 1,7 quand le nombre de frontaliers a quadruplé (x4,1) pour s’élever à .

Cette évolution se traduit par une part beaucoup plus large de frontaliers parmi les salariés. Les résidents luxembourgeois représentaient 46% des salariés en 1994, devant les résidents étrangers (28% des salariés) et les frontaliers (26%). Un quart de siècle plus tard, seuls 27% des salariés sont des résidents luxembourgeois, autant sont des résidents étrangers, et 46% résident au-delà des frontières.

Dans le détail, c’est entre 1994 et 2003 que le nombre de frontaliers a explosé, avec une croissance de 113% (19% pour les résidents), avant de ralentir avec tout de même une progression de 26% entre 2003 et 2007. Depuis lors, le contingent de frontaliers s’est stabilisé tout en conservant une croissance de 1 à 3% par an jusqu’en 2015, puis un peu plus soutenue jusqu’en 2019.

La moyenne d’âge des salariés était également plus basse en 1994: les 15-34 ans constituaient la moitié de l’emploi salarié (53%); les 35-49 ans, 36%; et les plus de 50 ans, 11%. Entre 1994 et 2019, l’âge moyen est passé de 35,8 ans à 41 ans, et l’âge médian de 34,2 ans à 41 ans. Ainsi en 2019, c’est la tranche des 35-49 ans qui était la plus représentée, avec 43% des salariés, contre 32% pour les 15-34 ans, et 25% pour les plus de 50 ans.

À noter d’ailleurs une nette progression de l’emploi senior, en ligne avec les incitations à travailler plus longtemps pour soutenir le système de pension (voir notre dossier dans le magazine Paperjam à paraître ce jeudi 30 janvier).

«Le Luxembourg a pu bénéficier d’un répit en termes de vieillissement de sa population active jusqu’au milieu des années 2000, notamment grâce à l’arrivée d’une main-d’œuvre frontalière et étrangère plus jeune en moyenne que la main-d’œuvre luxembourgeoise», commente le Liser. «Néanmoins, cette dynamique particulière du Grand-Duché s’est essoufflée au cours du temps, et le répit semble consommé.»

Le Liser précise que 51% des frontaliers sont de nationalité française. Leur nombre a été multiplié par 4,4 depuis 1994. Mais c’est l’emploi frontalier allemand qui enregistre la progression la plus forte: x5,5, pour atteindre 25% de l’emploi frontalier en 2019. Les Belges voient leur proportion diminuer de 30% en 1994 à 24% en 2019.