Philippe Ledent, senior economist chez ING Belux. (Photo: Patricia Pitsch/Maison Moderne)

Philippe Ledent, senior economist chez ING Belux. (Photo: Patricia Pitsch/Maison Moderne)

Les décisions de la BCE et les recommandations de son président, Mario Draghi, le 12 septembre, ont encore résonné cette semaine. Philippe Ledent, senior economist chez ING Belux, observe des mouvements suite à l’appel fait aux pays disposant encore de marges budgétaires.

Compte tenu des événements du week-end dernier, on aurait pu s’attendre à une semaine marquée par des mouvements extrêmes des prix pétroliers, et de l’ensemble des marchés financiers. Pourtant, sans nier le risque que représente une escalade des tensions dans la région, les fluctuations sur une semaine n’ont pas été exceptionnelles. Le prix du pétrole a ainsi à peine gagné 3 à 4 dollars (soit une hausse de 6%). Pour la petite histoire, durant la première semaine de cette année, le prix du Brent a progressé de 6 dollars (+12%).

Au-delà du prix du pétrole, et de la décision attendue de la Fed de baisser son taux directeur d’un quart de pour cent, la semaine est restée marquée par les réactions en tous genres suite aux nouvelles décisions de politique monétaire de la BCE. Mais en fait, les quelques mots inclus dans le communiqué et prononcés durant la conférence de presse au sujet de la politique budgétaire semblent faire encore plus de remous que les décisions elles-mêmes. En demandant aux États qui en ont les moyens d’utiliser les marges budgétaires disponibles et en priant l’ensemble des États membres de mettre en place des politiques génératrices de croissance économique, la Banque centrale européenne (BCE) remet la politique budgétaire au-devant de la scène.

La Banque centrale européenne (BCE) remet la politique budgétaire au-devant de la scène.
Philippe Ledent

Philippe Ledentsenior economistING Belux

Cette semaine, deux pays-clés, l’Allemagne et les Pays-Bas, ont montré quelques signes d’ouverture en la matière. D’un côté, les Pays-Bas relâcheront quelque peu leur budget en faveur principalement d’une diminution des taxes pesant sur les ménages. Ceci devrait effectivement donner une impulsion positive à l’économie.

Ceci étant, alors qu’il était question d’activer un fonds de 50 milliards d’euros en faveur d’investissements en infrastructures, la présentation des lignes directrices du budget au roi n’y fait pas mention de manière aussi explicite. D’un autre côté, l’Allemagne, qui subit un ralentissement prononcé de son économie et particulièrement de son secteur industriel, continue de s’interroger sur l’opportunité d’engager des dépenses d’investissements. Une décision en la matière est imminente.

Il faudrait ajouter qu’un pays comme l’Italie n’a pas attendu la recommandation de la BCE pour dépenser plus. On sent donc bien que le vent tourne en matière de politique budgétaire. Dans la mesure où certaines marges sont disponibles (parfois faibles, parfois importantes), l’opportunité de les utiliser pour contrer le ralentissement actuel, voire de les renforcer par une plus grande souplesse du pacte de stabilité, va inévitablement être discutée. Il restera ensuite à bien utiliser les fonds libérés, ce qui n’a pas toujours été évident par le passé.