Vania Henry: «On ne peut que saluer l’arrivée du tram à Luxembourg-ville. La gratuité des transports en commun a été, quant à elle, un très bon véhicule d’image en matière de ‘nation branding’. » (Photo: DR)

Vania Henry: «On ne peut que saluer l’arrivée du tram à Luxembourg-ville. La gratuité des transports en commun a été, quant à elle, un très bon véhicule d’image en matière de ‘nation branding’. » (Photo: DR)

En amont du «10x6 Mobilité: 10 solutions pour améliorer la mobilité», organisé par le Paperjam + Delano Club le jeudi 23 septembre, Vania Henry, responsable Communication, marketing & développement produit à l’Automobile Club du Luxembourg, partage sa vision d’experte.

Quelles leçons sur la mobilité pouvons-nous tirer de la pandémie et du confinement?

– «Cette pandémie et le confinement auront mis en évidence combien notre liberté de mouvement s’est avérée fragile et à quel point il est important de pouvoir rester mobile en toutes circonstances. Avec la mise en œuvre de mesures sanitaires inédites, le recours à un moyen de transport individuel s’est pratiquement imposé de lui-même, alors que, paradoxalement, les transports en commun venaient de devenir gratuits.

Cela ne signifie pas pour autant que les déplacements en voiture sont désormais la panacée, évidemment. Le vélo, avec l’essor des vélos à assistance électrique, prend de plus en plus d’importance. C’est l’une des raisons pour lesquelles l’ACL a développé la Maison du cycliste avec la FSCL (Fédération du sport cycliste luxembourgeois) et le Script (Service de coordination de la recherche et de l’innovation pédagogiques et technologiques) du ministère de l’Éducation nationale, ainsi que la Maison du motard sur son site de Mondercange. Dans une journée, nous sommes tous – ou presque – tour à tour piéton, automobiliste ou cycliste. C’est dans cet esprit de respect mutuel que nous élaborons de nouvelles formations pour les usagers d’aujourd’hui et de demain.

L’expérimentation de la gratuité des transports en commun fonctionne-t-elle?

«On ne peut que saluer l’arrivée du tram à Luxembourg-ville. La gratuité des transports en commun a été quant à elle un très bon véhicule d’image en matière de ‘nation branding’. Mais le tram comme la gratuité des transports en commun ne règlent pas la question de la circulation des personnes en dehors des grandes agglomérations.

Il nous semble aussi que la marge de progression concernant l’interconnexion des lignes autant qu’autour de la multimodalité reste aujourd’hui très importante. Il apparaît risqué aujourd’hui de se fixer sur un seul moyen de transport. L’offre multimodale doit s’étoffer. En cela, il est très important que chaque partie prenante dans les questions de mobilité apporte ses solutions et travaille sur de nouvelles synergies.

Est-il réaliste de penser que la majorité des véhicules seront électriques d’ici 2035?

«D’abord, il existe deux agendas distincts. Le gouvernement luxembourgeois souhaite que 49% du parc automobile au Grand-Duché soit électrique en 2030. De son côté, la Commission européenne est en discussion pour cesser la vente de véhicules thermiques neufs à l’horizon 2035.

Dans les deux cas, ces agendas vont se heurter aux mêmes écueils. D’une part, les réseaux d’approvisionnement électriques, les bornes de recharge, mais aussi la capacité nationale et locale de distribution électrique seront-ils à même d’absorber la demande?

D’autre part, faut-il nécessairement se tourner vers une seule source de propulsion pour nos véhicules à l’avenir? Des études internationales ont déjà montré que pour des véhicules lourds, comme les camions et les utilitaires devant parcourir de longues distances ou tourner 24h/24 et 7j/7, le recours à des alternatives comme l’hydrogène ou les carburants synthétiques sans émission de gaz à effet de serre serait plus approprié.

Ce ne sont là que les questions les plus pragmatiques. On peut aussi légitimement se demander ce qu’il adviendra des batteries des voitures. On voit également aujourd’hui que la question de l’approvisionnement des matières premières – je pense notamment aux semi-conducteurs – demeure un grand point d’interrogation.»