Patrick Goldschmidt: «C’était sans aucun doute le bon parti pris d’œuvrer pour la gratuité des transports publics.» (Photo: Romain Gamba / Maison Moderne)

Patrick Goldschmidt: «C’était sans aucun doute le bon parti pris d’œuvrer pour la gratuité des transports publics.» (Photo: Romain Gamba / Maison Moderne)

En amont du 10x6 Mobilité: 10 solutions pour améliorer la mobilité organisé par le Paperjam + Delano Club le jeudi 23 septembre, Patrick Goldschmidt, échevin de la Ville de Luxembourg, partage sa vision d’expert.

Nous sommes tous d’accord pour dire que les embouteillages sont pénibles. Êtes-vous favorable à augmentation des taxes sur les conducteurs? Si oui, de quelle manière?

– «Personne n’aime être coincé dans des embouteillages. Or, la solution au trafic n’est certainement pas d’ordre financier. En ce qui concerne des péages en milieu urbain pour les automobilistes, je n’y suis pas favorable. Avec de telles mesures, on touche avant tout à ceux parmi nous qui ont le moins de moyens, aux classes sociales les plus défavorisées, et il est important de trouver une solution équitable pour chacun d’entre nous. Pour vous et moi, un tel impôt ne changerait peut-être pas grand-chose à notre habitude. Nous le payerions et continuerions nos habitudes en termes de mobilité. Or, pour toute personne disposant de revenus moins élevés, une telle charge financière les touchera bien plus fortement, en proportion à leurs moyens. Ce serait donc une mesure qui serait fortement inégale et inéquilibrée.

Notre priorité, en tant que femmes et hommes politiques, plutôt que d’instaurer de nouvelles taxes, devrait être de chercher et mettre en place des solutions durables, de proposer aux citoyens des options alternatives et intéressantes. Il s’agit de repenser les transports publics et la mobilité en général dans son ensemble – et non seulement ‘intra-muros’ –, de promouvoir les alternatives déjà en place, et de mettre en œuvre de réelles alternatives qui offrent confort, gain de temps et avantages financiers.

Quelles leçons pouvons-nous tirer de la pandémie et du confinement en matière de mobilité?

«On a pu faire plusieurs constats intéressants tout au long de la pandémie. Ce qui est certain, c’est que, pendant la phase initiale de la crise, l’utilisation des transports publics a connu une forte baisse, et ceci pour plusieurs raisons. Tout d’abord, nombreux ont été ceux qui ne se sentaient plus à l’aise dans des espaces partagés et qui ont donc opté pour leurs véhicules privés au détriment des bus, des trains ou du tram. En même temps, avec la généralisation du télétravail, la circulation en ville a été moins dense, rendant le déplacement automobile encore plus intéressant. On témoigne cependant d’un retour vers la normale dans les transports publics aujourd’hui.

Par contre, le constat positif, dans la pandémie, a été l’augmentation au niveau des cyclistes, surtout les week-ends. Bon nombre de citoyens ont découvert, redécouvert ou ont enfin saisi l’occasion de découvrir la ville grâce au réseau pour les deux-roues et notre système Vel'oh!

Dernier constat, qui nous mène vers un nouveau challenge: l’augmentation signifiante des véhicules de livraison, que ce soit pour des colis ou pour les repas. On est ici en face d’un nouveau phénomène qui s’est développé pendant la crise sanitaire, et qu’il s’agit d’intégrer dans les réflexions futures sur l’aménagement de l’espace public, afin de permettre à tous les usagers de la route de coexister dans le respect les uns des autres.

L’expérience de la gratuité des transports publics fonctionne-t-elle?

«Oui, absolument! C’était sans aucun doute le bon parti pris d’œuvrer pour la gratuité des transports publics. Alors que de nombreuses personnes craignaient une dévalorisation de cette offre de mobilité, nous avons finalement constaté l’effet contraire. Cette mesure s’est avérée être un véritable levier pour attirer davantage de voyageurs vers les transports publics, et a permis de convaincre le grand public des atouts de la combinaison des différents moyens de transport – bus, tram et train – pour se déplacer dans la capitale.»