Pour la troisième fois depuis le déclenchement de l’article 50 du traité de Lisbonne, David Davis et Michel Barnier se retrouveront pour tenter d’avancer dans les négociations autour du Brexit. (Photo: Commission Européenne)

Pour la troisième fois depuis le déclenchement de l’article 50 du traité de Lisbonne, David Davis et Michel Barnier se retrouveront pour tenter d’avancer dans les négociations autour du Brexit. (Photo: Commission Européenne)

Malgré la volonté britannique de clarifier sa position via la publication de documents techniques sur les principaux points de négociation et des déclarations moins acerbes de la part des ministres partisans d’un hard Brexit, le début du troisième round de négociations à Bruxelles est marqué par de nombreuses tensions.

Sous le vernis du discours diplomatique, le sentiment de déception semble poindre, avant même la rencontre officielle entre négociateurs. Alors que Bruxelles entend – encore une fois – entrer dans le vif du sujet, Londres semble voir cette nouvelle rencontre comme «un tremplin» vers des discussions ultérieures. Bien que le gouvernement de Theresa May ait tenté, ces derniers jours, de présenter une position moins confuse, cette dernière est d’ores et déjà perçue dans la capitale européenne comme incomplète et marquée par la volonté d’obtenir un maximum de bénéfices sans avoir à en payer le prix.

Blocage sur la méthode de négociation

Car si le gouvernement britannique assure vouloir mettre en place «une relation aussi étroite que possible» avec les 27, il plaide dans le même temps pour la rupture. Un antagonisme qui s’illustre notamment sur la délicate question irlandaise. Londres revendique ainsi son ambition de préserver la paix sur l’île en excluant l’idée d’instaurer une frontière hermétique entre le nord et le sud, liant de fait cette question à celle d’un accord douanier global avec l’Union. En clair, Theresa May entend forcer les responsables européens à conclure un accord sur ce point qui servirait de référence pour la future relation entre les 27 et le Royaume-Uni. Ce que refuse Bruxelles.

Le principal point d’achoppement, outre les délicates questions de la facture que devra payer le pays à l’Union ou celui des droits des citoyens européens présents sur le sol britannique, tient donc dans la méthode des négociations. Et donc de leur calendrier. Pour Michel Barnier, négociateur en chef de l’UE, les choses sont claires: les discussions doivent régler les questions liées au divorce avant toute autre considération. Ce que son homologue britannique, David Davis, rejette, arguant du fait qu’il serait impossible de parler de rupture sans esquisser un futur partenariat.

Conscient que les discussions ont pris du retard et qu’il ne reste plus que 18 mois avant de tout conclure, David Davis espère pousser Bruxelles à changer de méthode en appelant à faire preuve «de flexibilité et d’imagination». Une demande restée à ce jour lettre morte, les Européens estimant que les propositions britanniques présentées étaient peu à même de répondre aux défis engendrés par le Brexit. Que ce soit la proposition sur les droits des citoyens européens, jugée «discriminatoire et trop complexe», sur la question irlandaise «trop technique» et sur la cour de justice de l’Union européenne, où Londres ferait «un amalgame». Autant d’interprétations différentes qui présagent un long chemin à parcourir avant de voir les négociations se débloquer.