Avec la volonté de part et d’autre de «dépoussiérer» la convention collective du secteur bancaire, les négociations entre partenaires sociaux débutent ce mercredi. (Photo: Paperjam/DR)

Avec la volonté de part et d’autre de «dépoussiérer» la convention collective du secteur bancaire, les négociations entre partenaires sociaux débutent ce mercredi. (Photo: Paperjam/DR)

Mercredi 7 décembre 2016, 14h. Représentants des syndicats Aleba, OGBL/SBA et LCGB-SESF, d’un côté, et mandataires de l’Association des banques et banquiers Luxembourg (ABBL) de l’autre se retrouvent pour la première fois autour de la table dans le cadre des négociations de la future convention collective du secteur bancaire. Soit des échanges entre une vingtaine de personnes en charge d’établir le cadre légal de référence pour quelque 25.000 salariés concernés à partir de 2017.

L’exercice ne devrait cependant pas ressembler aux derniers rounds de négociations, en raison d’une conjoncture beaucoup plus positive. Avec des prévisions de croissance de l’ordre de 3,1 % pour 2016 et 4,6 % pour 2017, selon les données du Statec, les syndicats ne cachent pas leurs ambitions d’obtenir une nouvelle convention collective plus favorable. «Nous nous trouvons dans un autre état d’esprit que lors des dernières négociations, où notre principal objectif avait été de maintenir les emplois», rappelle Véronique Eischen, membre du bureau exécutif de l’OGBL, qui note que la situation générale actuelle des banques est bonne, les résultats sont bons et il y a des dividendes qui sont versés.

Les évaluations, plus outil de sanction que de promotion.

Vincent Jacquet, secrétaire général adjoint du LCGB

Malgré l’annonce récente de plans sociaux au sein d’UBS et de JP Morgan, les trois syndicats entendent bien faire avancer leur liste de revendications. Sans réelle surprise, c’est la question de la revalorisation salariale qui figure en première place. Après un gel de plusieurs années des émoluments en lien direct avec la crise financière de 2008, le sujet devrait être l’un des principaux points d’achoppement entre syndicats et représentants du patronat.

«Cette thématique concerne non seulement les salaires, mais aussi les rémunérations et les automatismes, c’est-à-dire les mécanismes prévus pour l’avancement au sein d’une carrière», explique Vincent Jacquet, secrétaire général adjoint du LCGB. Selon lui, les discussions devront non seulement porter sur «une remise en route du dynamisme des carrières», mais également sur l’instauration «d’un système plus juste en ce qui concerne le mérite ». Autrement dit, une remise en question directe du système des évaluations, vu par le syndicat chrétien-social «plus comme un outil de sanction que comme un outil de promotion».

Unité syndicale, seule valable «dans l’intérêt des salariés»

Autre sujet qui sera immanquablement évoqué avec l’ABBL: la modernisation des groupes de fonction. Présentée par les syndicats comme un «dépoussiérage», la suppression des anachronismes de l’actuelle convention collective est surtout vue comme un chantier «colossal», mais «indispensable» afin de rendre le cadre légal plus lisible. Et ce «dans l’intérêt de tout le monde», estime Gilles Steichen, vice-président de l’Aleba, qui avance le même argument lorsqu’il s’agit d’évoquer «la nécessité de mettre en place de meilleures conditions sociales pour les salariés».

Dans ce contexte, les discussions à venir ne pourront donc faire l’impasse sur une réflexion autour de la question des congés pour raisons familiales ou celle du burn-out. Deux thématiques qui ont, selon le syndicaliste, «un impact direct sur l’économie nationale». Pour le moment, et jusqu’au début du mois de février, les trois syndicats représentés dans les banques de la Place se concertent au rythme d’une rencontre hebdomadaire afin de mettre au point «un catalogue commun de revendications» à défendre face à l’ABBL. Une stratégie d’unité perçue comme la seule valable «dans l’intérêt des salariés», même si les différences d’approche entre Aleba, LCGB-SESF et OGBL/SBA ne sont un secret pour personne.

L’ABBL, de son côté, n’a communiqué que tardivement sur le sujet, puisque sa prise de position officielle a été rendue publique le 1er décembre dernier. Faisant état de sa volonté de «faire du neuf (…) dans le but d’aboutir à un accord équilibré», l’organisation patronale souhaite une adaptation de cette «convention vieillissante dont la plupart des clauses ont été négociées au siècle dernier». Objectif affiché: «Répondre aux défis du secteur bancaire» et «attirer les talents de demain». Au vu de l’ampleur des chantiers que les deux parties souhaitent ouvrir, les échanges devraient s’étaler sur une durée plus longue que lors des dernières négociations. En 2014, l’accord final avait été signé en mai par l’ensemble des acteurs présents autour de la table.