Si Günther Oettinger a une nouvelle fois défendu que la promotion du chef de cabinet de Jean-Claude Juncker n’avait rien d’illégal, il a reconnu qu’elle revêtait une dimension politique. Le commissaire répondait mardi soir aux questions des députés de la commission du contrôle budgétaire du Parlement européen.
«C’est avant tout une décision de fond, mais bien entendu aussi politique», a-t-il reconnu. Avant de rappeler les qualités «personnelles et professionnelles» de Martin Selmayr. «Un président de la Commission, dans les cercles de pouvoir les plus élevés, a besoin de personnes de confiance sur lesquelles il puisse s’appuyer politiquement aussi», a ajouté le commissaire, cité par Le Monde. «Il y a bien entendu des nécessités administratives, mais il y a aussi un besoin de gestion politique intelligente.»
Le chef du cabinet de Jean-Claude Juncker a été promu le 21 février au poste de secrétaire général adjoint (SGA) puis, moins d’une minute plus tard, à celui de secrétaire général (SG), le plus haut poste de l’administration européenne. Une double promotion qui s’est faite dans des conditions douteuses pour les eurodéputés, qui ont demandé à la Commission de s’expliquer.
Des réponses contradictoires
Dimanche soir, l’exécutif européen a répondu aux 134 questions qui lui avaient été posées dans un document de 80 pages qui a été remis au Parlement. En plus d’affirmer que la procédure de nomination avait été conforme aux règles en vigueur, Bruxelles y affirmait que l’option de nommer le chef de cabinet de Jean-Claude Juncker à ce poste n’était devenue «concrète» que le 20 février.
Le Soir révèle toutefois que Martin Selmayr avait affirmé, lors d’une interview le jour de sa nomination, que Jean-Claude Juncker l’avait averti «avant Noël» de sa volonté de lui proposer ce poste. Selon Libération, Günther Oettinger a par ailleurs reconnu mardi soir que le protégé de Juncker lui-même avait participé «en partie» à la rédaction des réponses écrites de la Commission.
Les contradictions se multiplient pour défendre le protégé de Jean-Claude Juncker. Sous les feux des critiques, ce dernier aurait menacé jeudi son groupe politique, le PPE, de démissionner si Selmayr était obligé de renoncer à son poste. Et reproché à ses collègues leur absence de soutien.