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Christian Thiry (Photo: Julien Becker) 

Pour le codirecteur du groupe de BTP Karp-Kneip,
la compétition est la quintessence d’un entrepreneur.

C’est un vieux routard de la construction et des travaux publics qui figurera parmi les six candidats en lice cette année. Né en 1952, Christian Thiry entreprend des études secondaires et techniques – avec une spécialisation mécanique – à Neuchâtel (Suisse), avant de débuter sa carrière en 1974 dans une société de travaux publics française. En 1976, il rejoint l’entreprise familiale de construction et de travaux publics C. Karp-Kneip, 111 bougies au compteur, en tant que technicien logistique et chargé de la direction des travaux, avant de prendre la direction générale du groupe en 1983.

«Je suis un self-made man, se présente-t-il, puisque j’ai commencé à travailler à l’âge de 20 ans et repris la direction générale de l’entreprise sans passer par les grandes écoles.» Le groupe Karp-Kneip compte une douzaine d’entreprises, six au Luxembourg (dont Karp-Kneip constructions et Karp-Kneip matériaux qu’il fonde en 1987 avec son frère François), trois en Belgique, deux en Allemagne et une en France, dont il est soit dirigeant-actionnaire, soit administrateur-actionnaire.

Pour le multi-entrepreneur, ces créations de sociétés et son aptitude à en assurer la pérennité auront certainement été un des critères déterminants retenus par le jury: «Nous sommes un groupe qui n’est plus typiquement luxembourgeois mais qui a su s’étendre et rester très compétitif, en se consolidant par des prises de marchés en dehors des frontières», explique-t-il.Outre la réussite entrepreneuriale, c’est aussi l’avancée sectorielle, qu’il a initiée à travers ses divers mandats, qui pourra être couronnée. Administrateur du Groupement des entrepreneurs luxembourgeois du BTP depuis 1977 – il en devient le président en 1994 –, il est en outre membre élu de la Chambre de Commerce depuis 1994 et administrateur de la Fedil depuis 1996. Il conçoit sa participation dans ces associations comme une mission en vue de faire évoluer les entreprises du secteur dans un environnement écologique et social sain. «J’ai toujours été partisan de la nécessité de contrats collectifs, ensemble avec nos partenaires sociaux, rappelle-t-il. Afin de garder une paix sociale à l’intérieur de nos entreprises, car nous devons le même acquis social à tous nos salariés.»

Persévérer

Un autre programme de taille au sein du groupement fut la création en 2002 d’un Institut de Formation Sectoriel du Bâtiment (IFSB), à Bettembourg, marquant la volonté des fédérations sectorielles d’instaurer une dynamique volontaire liée à la formation professionnelle continue. C’est pour Christian Thiry, qui en présida le conseil d’administration de 2005 à 2008, l’événement le plus important de ses mandats: «Nous voulions donner des formations et des possibilités d’avancement nécessaires à tous nos collaborateurs qui travaillent comme salariés manuels, et qui constituent un de nos piliers principaux pour l’entreprise.» Ce centre de formation représente pour le BTP «un atout majeur pour la construction dans ce pays, et une très belle image, d’autant que les autres métiers de l’artisanat n’ont pas encore créé le leur», confie-t-il.Quelles sont les qualités essentielles d’un bon entrepreneur et quel modèle d’entrepreneuriat souhaite-t-il donner aux jeunes entrepreneurs? Un entrepreneur doit avant tout développer le dialogue et garder l’esprit d’équipe. «La meilleure façon de diriger l’entreprise est d’être un homme de dialogue et de savoir prendre des décisions après le dialogue», conseille-t-il. Ce qui implique pour Christian Thiry qu’un patron doit savoir déléguer et faire participer l’équipe à la réussite de l’entreprise, chacun devant avoir sa responsabilité, ce qui lui confère un sentiment d’appartenance à l’entreprise.

«La première chose à défendre, c’est l’image de l’entreprise en termes de qualité et de valorisation de ses propres collaborateurs, continue-t-il. Dans nos métiers qui comportent de nombreux risques d’accidents et de maladie, on met nos hommes et nos femmes en avant tous les jours, sur des réalisations où on doit tous collaborer pour rendre un service valable et une entreprise performante.»Aussi, un chef d’entreprise doit-il savoir prendre des décisions et les défendre: «Si une décision est mauvaise, elle sera toujours meilleure qu’aucune décision, explicite-t-il. Prendre une décision, c’est toujours un risque. Il faut être persévérant dans le risque qu’on prend et il faut savoir le freiner si on n’est pas sur la bonne route.»

Pour le dirigeant de Karp-Kneip, relever les défis d’aujourd’hui et de demain constitue la principale mission d’un entrepreneur: «Si je parle de défis, c’est aussi par rapport à la conjoncture actuelle et aux budgets actuels des Etats, précise-t-il. C’est un défi de faire fonctionner sa propre société dans des conditions saines et de la garder en bonne santé dans ce contexte de morosité.»De même, pour Christian Thiry, un entrepreneur doit être plutôt actif et ne pas rester sur la défensive. «En tant qu’entreprise, on doit avancer. La compétition, c’est la quintessence d’un entrepreneur», affirme-t-il. Il doit donc être à l’affût de toutes opportunités pour faire avancer l’entreprise économiquement, écologiquement ainsi qu’en termes de sécurité, de santé, de gestion des collaborateurs. Ses souhaits pour l’avenir? «Passer le cap actuel de la crise avec un groupe dans le même état de santé qu’aujourd’hui. Rendre l’entreprise plus performante et réussir la bonne transmission de l’entreprise à la future génération.»