Le cortège des saints Nicolas en chocolat n’attend plus que d’être mangé. (Photo: Genaveh)

Le cortège des saints Nicolas en chocolat n’attend plus que d’être mangé. (Photo: Genaveh)

«C’est ma première vraie Saint-Nicolas, je ne pensais pas que ça serait autant de travail!» Alexandra Kahn a repris la chocolaterie Genaveh en début d’année et a eu peu de temps pour découvrir les traditions luxembourgeoises, dont cette date incontournable du 6 décembre. 

Avec des peintures des décors (en chocolat) réalisées à la main et des moulages à l’unité, l’équipe a beau avoir commencé début octobre, la petite entreprise a dû mettre les bouchées doubles pour ne pas être débordée, embauchant des amis pendant le week-end pour mettre en boîte et emballer les commandes.

Le moulage des confiseries chez Genaveh.

Les chocolatiers luxembourgeois traditionnels le savent bien: «Autrefois, le jour de la Saint-Nicolas était le jour le plus important de l’année pour notre entreprise», constate Marianne Nickels, chargée de la communication chez Namur. «Aujourd’hui, c’est moins concentré, cette fête s’étire sur 10 à 15 jours.»

Namur présente des figurines en chocolat, peintes à la main (Photo: Namur)

Namur présente ses figurines en chocolat. (Photo: Namur)

Un pic d’activité qui se prépare bien en amont, «la préparation des sujets démarre à partir de la rentrée scolaire en septembre», chez Namur. «Avant l’été, l’équipe de recherche & développement travaille à la création des modèles et des recettes», détaille Anne-Sophie Valentin, responsable marketing chez Oberweis. Les moules traditionnels de la maison ont été modernisés pour apporter plus de détails et de finesse, avec des décors comprenant jusqu’à 10 couleurs, bien sûr peints à la main.

Fairtrade et moins sucré

Si la Saint-Nicolas est une fête de tradition, les mentalités et les goûts évoluent. «Le chocolat avec le label Fairtrade est de plus en plus demandé», indique Marianne Nickels, qui constate aussi une demande croissante de figurines en chocolat noir. Une tendance confirmée chez Oberweis, qui signale une évolution vers des recettes moins sucrées et des plus petites portions.

Les commandes pour les entreprises et collectivités constituent un pan important de l’activité des confiseurs. «Nous avons réalisé un bon millier de saints Nicolas, dont beaucoup de commandes pour des entreprises, avec des décors personnalisés, sans compter les chocolats classiques et les paniers et assortiments», explique Alexandra Kahn.

«Les entreprises commandent essentiellement des corbeilles, des Boxemännchen, des assiettes pour le jour de la Saint-Nicolas pour leurs employés», constate-t-on chez Namur. Même son de cloche chez Oberweis où les Boxemännchen, les figurines en massepain et les gâteaux à la crème au beurre décorés de saint Nicolas font florès.

Peinture en chocolat blanc chez Oberweis (Photo: Oberweis)

Peinture en chocolat blanc chez Oberweis. (Photo: Oberweis)

Difficile de différencier les commandes de la Saint-Nicolas et de la fin d’année en général, mais tous pensent que cette période est essentielle pour leur chiffre d’affaires. L’estimation de Marianne Nickels impressionne: «La période de Saint-Nicolas et celle de Noël constituent le mois le plus important de l’année: le double d’un mois normal.» 

Une tradition qui s’élargit

«Cette fête a été adoptée par les résidents étrangers qui ne la connaissaient pas», constate Anne-Sophie Valentin, qui explique que les expats recherchent le folklore et se l’approprient.

Depuis 2014, le maire de Nancy, Laurent Hénart, en partenariat avec la commune de Saint-Nicolas-de-Port, où sont conservées des reliques du saint patron, souhaite la reconnaissance des fêtes de Saint-Nicolas au patrimoine culturel et immatériel de l’Unesco. Un dossier de candidature pourrait être déposé à l’Unesco par la France en 2021. La Belgique et le Luxembourg devraient naturellement appuyer cette candidature.