Le LSAP cherche à se repositionner. Dix jeunes députés – dont Franz Fayot – et militants du parti demandent à ses dirigeants d’aiguiser le profil social du parti. (Photo: Maison Moderne / Archives )

Le LSAP cherche à se repositionner. Dix jeunes députés – dont Franz Fayot – et militants du parti demandent à ses dirigeants d’aiguiser le profil social du parti. (Photo: Maison Moderne / Archives )

«Le LSAP peut livrer les réponses aux défis – pour cela, nous avons besoin d’un sens de la réalité, d’enthousiasme et de beaucoup d’engagement. Cela ne sera pas toujours évident, mais nous sommes prêts à nous atteler à ce devoir». C’est avec ces termes, relativement optimistes, que les dix signataires concluent leur tribune libre publiée ce week-end dans le Tageblatt.

Avec leur tribune, les députés du LSAP, Taina Bofferding, Franz Fayot, Tess Burton et Claudia Dall’Agnol, ainsi que les membres du parti, Gabriel Boisanté, Joanne Goebbels, Christophe Schiltz, Jimmy Skenderovic, Bob Steichen et Sammy Wagner positionnent la jeune garde et les femmes du LSAP. Et ce alors que le parti est en pleine phase de réflexion suite à sa débâcle lors des communales d’octobre dernier et en vue des législatives du 14 octobre prochain.

En 2014, Franz Fayot, Christophe Schiltz et Marc Limpach avaient formulé un papier de position de 22 pages – similaire mais davantage étayé – intitulé «Crise et relance du LSAP» (en allemand «Krise und Aufbruch der LSAP»).

En effet, les auteurs de la tribune expliquent que le LSAP n’a pas d’avenir «sans les jeunes» et «sans femmes». Une remarque que l’on peut interpréter comme critique envers les dirigeants du parti, qui n’auraient donc pas permis au parti de se rajeunir ou se féminiser, compte tenu de la dominance des politiciens de longue date comme les très populaires ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, le président de la Chambre, Mars Di Bartolomeo, ou encore le président de fraction, Alex Bodry, et le président du parti, Claude Haagen.

Émancipation sociale

À quelques jours du pot du Nouvel An du LSAP (ce mardi), les jeunes députés et membres du parti avertissent par ailleurs, alors que l’année électorale débute, qu’«il ne suffira pas de déclarer ‘mission accomplie’», ou de mener des «réflexions purement tactiques».

Partant du constat que malgré des protections sociales hautement développées, il existerait toujours des inégalités et injustices «massives» aggravées par le problème du logement ainsi que la croissance des inégalités, ils plaident pour l’analyse des problèmes afin de développer des «mesures radicales et en profondeur».

Selon eux, le terrain à occuper serait «les domaines de la politique négligés depuis 2013» qui feraient partie intégrante d’une politique socialiste: «émancipation sociale, éducation, justice, culture et mobilité». Surtout, soulignent les auteurs de la tribune, le LSAP devrait développer des concepts d’avenir avec toutes les parties intéressées, en particulier en ce qui concerne «le chemin du monde du travail vers la digitalisation».

Coup de griffe?

C’est donc un signal d’alarme que tirent les auteurs, à cause d’une «perte de confiance» des électeurs envers les socialistes et les sociaux-démocrates «à beaucoup d’endroits en Europe». Selon les auteurs, les gens s’attendraient «de moins en moins» à ce que les socialistes et les sociaux-démocrates fournissent les réponses «à leurs questions et leurs soucis».

Les dix jeunes socialistes appellent les dirigeants du LSAP à écouter les membres et militants du parti et discuter avec eux: «Cela ne se fait pas avec une heure de cours magistral lors d’un congrès ou meeting». Et de poursuivre que pour «prendre le pouls de la base», le parti ne devrait pas hésiter à renforcer le dialogue avec la société civile et mener de larges consultations. L’objectif étant de «redevenir l’avocat des gens».

En effet, les auteurs estiment que le LSAP aurait désormais l’image d’un parti qui se serait éloigné de ses racines et qui accepterait trop de compromis en ce qui concerne ses idées. Une contestation du gouvernement avec le DP et Déi Gréng, ou un petit coup de griffe envers le favori pour mener le LSAP lors des législatives, le vice-Premier ministre et ministre de l’Économie, Étienne Schneider, jugé trop libéral par certains?

Après 13 années de participation du LSAP aux gouvernements successifs, persuader ses électeurs qui lui ont tourné le dos ne sera pas chose facile. Aussi sincère la tribune des jeunes femmes et hommes socialistes soit-elle, à défaut d’être assimilée par le parti tout entier, elle risque de ne pas atteindre l’objectif de ses auteurs.