Thierry Nothum (CLC) : « Dans ce climat, l’avenir appartiendra au commerce serviciel ». (Photo : David Laudent/Wide)

Thierry Nothum (CLC) : « Dans ce climat, l’avenir appartiendra au commerce serviciel ». (Photo : David Laudent/Wide)

Fort de plus de 3.500 entreprises et occupant quelque 23.000 salariés, le secteur du commerce s’interroge sur son avenir. Alors que le revenu disponible des ménages augmente, que la croissance démographique est positive et que la fuite du pouvoir d’achat vers l’étranger diminue, l’évolution du chiffre d’affaires dans le commerce luxembourgeois est en baisse… Face à ce constat, la clc a voulu mener une réflexion approfondie, étudier les tendances et les évolutions et, au final, émettre différentes recommandations qui doivent permettre d’agir, plutôt que de subir. « Nous avons décidé de partager les informations, de formuler et de publier des recommandations pour provoquer des réflexions, des débats et des actions », résume Thierry Nothum, directeur de l’organisation patronale.

Plus d’un millions de m2

En janvier 2012, le Grand-Duché disposait d’une surface de vente nette de plus de 910.000 m2. Plusieurs grands projets porteront l’offre globale au-delà d’un million de mètres carrés d’ici deux à trois ans.

Surtout, le monde change. Les consommateurs et le commerce aussi. « L’évolution de la demande, essentiellement liée à celle du pouvoir d’achat, est un premier facteur qui influencera l’avenir des commerçants luxembourgeois, mais le cadre réglementaire, les phénomènes de société et la concurrence, qu’elle vienne de la Grande Région ou d’Internet, en sont d’autres », souligne Thierry Nothum.

Si l’avenir ne sera pas réservé au commerce électronique, il est important de soutenir et sensibiliser chaque professionnel en vue de développer sa stratégie « web ». Le « multichanneling » devient le standard. « Selon l’étude prospective du Crédoc sur le commerce 2020, le poids des ventes sur la toile dans l’ensemble du commerce de détail atteindra 24%, prenant 4 à 5 fois plus d’importance qu’en 2010 », précise le directeur de la CLC. Le commerçant va être appelé à développer une double présence, online et offline, pour améliorer sa visibilité et développer une relation de confiance avec son client.

En matière de pouvoir d’achat, le groupe de travail insiste sur l’importance de développer une vision du devenir du pays, afin de vaincre le mal-être qui gagne la société, s’attaquer à la perte de confiance et juguler le manque de perspectives. La CLC demande aussi la mise en place d’une vraie politique en matière de logements à des prix abordables.

En route vers le commerce « serviciel »

Aujourd’hui, et la tendance va s’accélérer dans le futur, le consommateur est à la recherche de sécurité, de confiance et de nouveau repères. Il veut reprendre le contrôle. Bien informé et critique, il est aussi pris par le temps, exigeant et parfois intolérant. « Dans ce climat, l’avenir appartiendra au commerce serviciel ». Le vendeur est celui qui conseille, est capable de créer une relation de confiance, aide, guide et arrive à faire partager sa passion pour le produit. Les qualités exigées dans ce métier relèvent donc plus du domaine des compétences sociales et du savoir-être que du savoir-faire », ajoute Thierry Nothum. Le développement de ces compétences constitue un enjeu majeur dans tous les programmes de formation initiale et continue.

En matière d’offre commerciale, la CLC rappelle la nécessité de soutenir la concertation et une solidarité plus grande entre les commerçants, notamment en matière d’heures et de jours d’ouverture. Elle appelle aussi à plus de cohérence en ce qui concerne l’aménagement du territoire pour un développement harmonieux de nos villes, dans lesquelles le commerce de proximité reprend petit à petit tout son sens.