La création d’une holding internationale au Royaume-Uni pourrait n’être que le premier exemple de départ de l’UE de multinationales, en raison de la guerre que se livrent Londres et Bruxelles. (Photo: Licence C.C.)

La création d’une holding internationale au Royaume-Uni pourrait n’être que le premier exemple de départ de l’UE de multinationales, en raison de la guerre que se livrent Londres et Bruxelles. (Photo: Licence C.C.)

Dans le viseur des autorités européennes en raison des arrangements passés réalisés avec l’administration fiscale luxembourgeoise, McDonald’s a choisi d’agir. Dans un communiqué publié jeudi, la chaîne de fast-food américaine annonce vouloir créer «une nouvelle holding internationale basée au Royaume-Uni». Une décision qui va, jusqu’à présent, à contre-courant des messages envoyés par les sociétés basées sur le territoire de Sa Majesté, plutôt désireuses de conserver un accès au marché unique européen après le vote en faveur du Brexit.

Selon la version officielle, le géant du burger entend utiliser sa nouvelle structure afin de gérer «la plupart des revenus en provenance des droits intellectuels perçus en dehors des États-Unis». Justifiant son choix par «le nombre important de personnels basés à Londres travaillant sur nos affaires internationales, la langue et les connexions avec les autres marchés», la compagnie devrait appliquer sa nouvelle stratégie «dès 2017».

Imposition à 10% des entreprises?

Cette annonce intervient alors que les responsables antitrust de l’UE soupçonnent McDonald’s d’avoir contourné un milliard d’euros d’impôts en Europe entre 2009 et 2013. Des accusations réfutées par le géant américain qui assure jeudi «avoir payé plus de 2,5 milliards de dollars (2,3 milliards d’euros) d’impôts sur les sociétés dans l’UE, avec un taux d’imposition proche de 27%». De son côté, le ministère de l’Économie, contacté jeudi par Paperjam.lu, «ne commente pas les décisions prises par une société privée».

Paraissant surprenant de prime abord, ce choix de McDonald’s pourrait n’être en réalité que le premier exemple d’une longue liste, fruit de la stratégie mise en place par le gouvernement britannique dans le cadre d’une stratégie post-Brexit. Car cette annonce intervient quelques semaines après les échos parus dans la presse britannique faisant état de la volonté de Theresa May d’abaisser à 10% le taux d’imposition des sociétés. Soit une réduction de moitié du taux actuellement en vigueur.

Objectif pour Londres: faire pression sur Bruxelles pour laisser les banques implantées dans la City bénéficier du passeport européen, sésame indispensable à l’accès au marché unique européen. Une première salve envoyée de l’autre côté de la Manche qui pourrait durer près de deux ans, puisque selon Michel Barnier, négociateur en chef de l’UE sur le Brexit, ce départ du Royaume-Uni ne devrait pas se faire avant «octobre 2018».