«Nous entrons dans des eaux inconnues. Le travail sera légalement complexe, politiquement sensible et aura des conséquences importantes, à la fois pour nos économies et pour nos populations (…). Mais nous sommes prêts», a affirmé mardi Michel Barnier à Bruxelles, lors de sa première conférence de presse en tant que négociateur des 27 États membres pour la sortie de la Grande-Bretagne de l’UE.

Il a tout de suite insisté sur le fait que le «temps serait court» et que le processus dans son ensemble ne durerait pas plus de deux ans, sachant que durant cette période, le Conseil européen devrait autoriser la ligne directrice des négociations avant leur commencement et les valider, aux côtés du Parlement européen, une fois qu’elles seront terminées. «Cela veut dire que les négociations effectives dureront environ 18 mois», a précisé M. Barnier.

Si Londres déposait une notification à Bruxelles à la fin du mois de mars, comme annoncé, les négociations pourraient donc commencer quelques semaines après et l’ensemble du processus «se terminer en octobre 2018», a confirmé le négociateur européen en charge du Brexit.

Une version à la carte du marché unique ne sera pas une option.

Michel Garnier, négociateur européen en charge du Brexit

Il a ensuite dressé les «quatre grandes idées» sur lesquelles l’ensemble des 27 États membres s’étaient mis d’accord et qui serviront de ligne directrice pour mener les discussions avec la Grande-Bretagne. La préservation de l’unité de l’Union européenne et la détermination partagée de ses membres pour mener à bien ces négociations constitue la première d'entre elles. La deuxième affirme que les droits et les bénéfices des États membres «ne sont pas les mêmes pour les pays qui ne sont plus soumis aux mêmes obligations».

La troisième idée affirme clairement que les négociations ne commenceront pas avant la notification par le Royaume-Uni du déclenchement de l’article 50, qui réglemente la sortie d’un membre de l’Union européenne. Enfin, M. Barnier a rappelé, comme quatrième idée, que le marché unique et ses libertés sont indivisibles et qu'une version «à la carte» ne serait pas une option.

Approche des banques et des fonds d’investissement britanniques

Michel Barnier a débuté cet automne une tournée dans les 27 États membres pour préparer les négociations de sortie du Royaume-Uni. C’est dans ce cadre qu’il est venu au Luxembourg en octobre dernier. Il a notamment déclaré que le Grand-Duché était «un pays important qui est en position névralgique et qui, pour beaucoup de raisons, est intéressé par cette négociation. Notamment, mais pas seulement, en raison de sa place financière.»

Le Grand-Duché est en effet l'un des pays de l'Union européenne à qui pourrait pleinement bénéficier le Brexit, la sortie de l'UE de la Grande-Bretagne n'étant pas pour plaire à de nombreux acteurs de la place financière de Londres, la City, qui cherchent à se rapatrier sur le continent pour continuer de bénéficier des avantages du marché unique. Lundi, le directeur général de la Commission de surveillance du secteur financier du Luxembourg (CSSF), Claude Marx, a déclaré que l’institution qu’il préside avait été approchée par plusieurs banques et fonds d’investissement anglais depuis le Brexit.