La constellation Losch comprend pas moins de 22 concessions et garages à travers le pays. (Photo: Adal)

La constellation Losch comprend pas moins de 22 concessions et garages à travers le pays. (Photo: Adal)

La soudaine disparition d’André Losch, qui dirigeait les sociétés Losch depuis un demi-siècle, s’est accompagnée d’une indication inhabituelle: «Selon le souhait d’André Losch, toutes les entreprises sont maintenant transférées à André Losch Fondation, une fondation d’utilité publique de droit luxembourgeois», indique le communiqué diffusé à la presse. «Ainsi, la continuité des entreprises Losch et l’œuvre de son fondateur seront assurées pour l’avenir.»

En droit luxembourgeois, le statut de fondation reconnue d’utilité publique est incompatible avec celui d’une entreprise dont l’objectif est commercial. Mais André Losch avait fait le nécessaire dès la création de la fondation en 2009 pour garantir le transfert des sociétés Losch après sa mort.

«Ça fait partie de sa construction juridique – c’était à l’époque le premier modèle du genre accepté par le ministre des Finances, Luc Frieden», se souvient Pit Hentgen, président du conseil d’administration de Lalux et l’un des administrateurs de la fondation André Losch. «Il y a eu d’assez longues discussions étant donné que le statut d’utilité publique interdit à la fondation de faire autre chose que d’affecter des fonds à des bonnes causes. Ce modèle prévoit un mode dual où les bénéfices distribués seront consacrés à des projets surtout liés aux enfants et aux jeunes et où l’investissement pour le développement et la continuation de l’activité [des sociétés Losch] reste possible.»

Un montage imaginé par l’avocat Jean Hoss, cofondateur du cabinet Elvinger&Hoss (devenu Elvinger, Hoss & Prussen) et administrateur de la fondation.

Des bénéfices réinvestis ou reversés aux bonnes œuvres

«Je trouve que c’est un modèle intéressant», poursuit Pit Hentgen, «si on gère bien les sociétés, il y aura un revenu régulier très important qui va profiter à tout le monde.» La fondation André Losch, constituée avec 1 million d’euros provenant d’André Losch et 800.000 euros venant d’Autosdistribution Losch sàrl, reçoit d’ores et déjà des contributions de différentes sociétés de la constellation Losch (Garage André Losch, PragAutos Losch, HispanAutos Losch), totalisant entre 1 million et 1,6 million d’euros de dons par an. Il s’agit, comme le prévoient ses statuts, des «dividendes distribués par les sociétés dans lesquelles la Fondation détient des participations compte tenu des besoins d'autofinancement des sociétés distributrices».

La fondation doit apporter sa contribution à des «activités philanthropiques et sociales, notamment, mais sans que cette énumération soit exclusive, des activités de secours humanitaires et sociaux, de recherches médicales, d'assistance au profit d'enfants délaissés, ainsi que des activités culturelles et éducatives dans le Grand-Duché de Luxembourg». 

Elle a de fait peu dépensé dans ses premières années, affichant deux dons à la Fondation Sclérose en plaques en 2011 et 2012 pour l’achat de deux véhicules. Son plus grand projet est à venir avec la construction d’un nouvel amphithéâtre pour le campus Kirchberg de l’Université du Luxembourg, prévue pour 2016. Son coût: 12 millions d’euros.

La composition du conseil d’administration de la fondation restera inchangée avec Marcel Leyers (membre du comité de direction de la Bil), Pit Hentgen (administrateur-délégué de LaLux), Pierre Ahlborn (administrateur-délégué de la Banque de Luxembourg), François Knaff (directeur de l’Industrie au ministère de l’Économie) et les avocats Jean Hoss, Pit Reckinger et Philippe Hoss (Elvinger, Hoss & Prussen).

Une autre fondation survit au patriarche qui avait pris la suite de son oncle Martin Losch, le premier à négocier l’importation de VW : la fondation André et Henriette Losch, dédiée exclusivement à «l'assistance dans le Grand Duché de Luxembourg en faveur d'enfants atteints de maladies graves ou malformations ou handicapés cérébraux moteurs et de leurs familles». Une fondation très active, dotée de 4 millions d’euros fin 2014, et qui compte parmi ses bénéficiaires la Fondation Kriibskrank Kanner, le Centre hospitalier de Luxembourg, la Fondation EME ou encore l’asbl Île aux clowns.

Quant à la gouvernance des sociétés Losch, aucun changement n’a été signifié. Le groupe comprend l’importateur, Autosdistribution, ainsi que 22 concessions et garages sur tout le territoire. Losch reste le principal acteur du secteur, commercialisant au Luxembourg les marques Volkswagen, Audi, Seat, Skoda, Bentley, Lamborghini, Porsche et Man (camions et cars).