Christian Kmiotek: «Une poigne de fer dans un gant de velours. Félix Braz est un fin analyste politique qui ne perd jamais de vue son but, même s’il est parfois obligé de prendre un détour.» (Photo: Nader Ghavami)

Christian Kmiotek: «Une poigne de fer dans un gant de velours. Félix Braz est un fin analyste politique qui ne perd jamais de vue son but, même s’il est parfois obligé de prendre un détour.» (Photo: Nader Ghavami)

Monsieur Kmiotek, comment décrivez-vous le personnage ‘Félix Braz’?

«Félix personnifie – avec François Bausch – à la fois la mémoire et le moteur de l’écologisme politique luxembourgeois. Non seulement pour avoir œuvré à la réunification du mouvement vert jadis dispersé, mais également pour avoir saisi l’opportunité de la première participation verte au gouvernement.

Comment décrivez-vous sa manière de faire la politique et de diriger son ministère?

«Une poigne de fer dans un gant de velours. Félix Braz est un fin analyste politique qui ne perd jamais de vue son but, même s’il est parfois obligé de prendre un détour. Sans se contorsionner, Félix préfère un bon compromis qui fait avancer le Schmilblick à une opposition fondamentale qui fait que tous s’embourbent dans leurs tranchées respectives. J’en prends pour preuve la nouvelle loi sur la nationalité pour laquelle il a su rassembler aux côtés des trois partis de la majorité Déi Lénk à gauche et le CSV à droite.

Comment évaluez-vous son travail en tant que ministre de la Justice?

«Notre pays avait bien besoin qu’enfin un ministre de la Justice s’occupe à plein temps de ce ressort. Enfin les retards accumulés – essentiellement sur le terrain de la politique sociétale – ont pu être rattrapés par une mise à jour adaptée au 21e siècle. Je pense spécialement aux mariages et adoptions pour tous, à la réforme de l’avortement, à l’étoffement, la mise à niveau du système judiciaire et à l’exécution des peines, à la réforme du droit des sociétés, au juge aux affaires familiales dans le cadre de la réforme du divorce et de l’autorité parentale, et j’en passe. Mais il faut également rendre honneur à son activité au niveau européen: sont à relever le compromis en matière de protection des données sous la présidence luxembourgeoise et l’installation du Parquet européen à Luxembourg.

Comment qualifiez-vous la place ou le poids de Félix Braz et de Déi Gréng au sein du gouvernement?

«Il est l’incontesté chef de file de Déi Gréng tant à l’intérieur du parti et de ses mandataires qu’envers les partenaires de la coalition. Faisant partie d’un gouvernement à trois, Déi Gréng a le même poids que les deux autres partenaires, même s’il est numériquement moins représenté. Félix Braz a su ne pas abuser de ce levier tout en l’actionnant lorsque les valeurs fondamentales vertes étaient touchées. Bien plus: grâce à son caractère rassembleur, il a maintes fois été dans le rôle de conciliateur et d’amorceur de compromis.

Félix Braz a-t-il pu préserver un profil écologiste au cours des quatre dernières années ou a-t-il subi une cure de réalisme?

«Étant doté par nature d’une vision claire de ce qui est faisable au vu des forces en jeu, Félix n’a pas eu besoin de se soumettre à une quelconque cure. Les réformes mises en place dans son propre ressort de même qu’en général au sein de cette première coalition à trois – aux niveaux sociétal, environnemental et de la mobilité – démontrent la mise en valeur du profil vert.»