Pour Emmanuel Fleig, L'essentiel, comme tous les médias, doit suivre l'évolution des habitudes des lecteurs. (Photo: Julien Becker / archives )

Pour Emmanuel Fleig, L'essentiel, comme tous les médias, doit suivre l'évolution des habitudes des lecteurs. (Photo: Julien Becker / archives )

1. Monsieur Fleig, quelle année retenez-vous en particulier depuis ces 10 ans? 

«Franchement toutes. Chacune a été bien différente à plusieurs égards. Mais aucune moins passionnante, moins intense. Il y a eu le lancement en 2007 qui très certainement a nécessité une énergie collective incroyable, 2009 avec les premiers résultats en très forte hausse (audience, Ebit...), 2010 qui a vu naître notre développement sur le web: de trois journalistes dédiés au web, nous sommes passés à six sur le web en français et quatre sur le web en allemand, et nous avons recruté un rédacteur en chef adjoint dédié au web, 2014 lorsque nous avons déménagé au 1535°, 2016 avec le lancement de la radio...

2. Quelle une du journal vous a marqué?

«Difficile d’en choisir une seule. À l’occasion de nos 10 ans, j’ai passé en revue l’ensemble de nos 2.300 unes. 163 ont retenu mon attention. En choisir une est mission quasi impossible. Une particulière tout de même est celle annonçant la mort de Michael Jackson survenue le 25 juin 2009. Nous étions les seuls au Luxembourg à pouvoir la diffuser, car nous bouclions le journal très tard.

3. Un événement au Luxembourg ou à l’étranger que vous retenez durant cette période?

«Le lancement de l’iPhone qui a modifié dans notre secteur un certain nombre de choses et, plus récemment, le Brexit qui est lourd de conséquences pour la construction de l’Union européenne.

4. De quelle réalisation êtes-vous le plus fier au sein de l’entreprise?

«De renouveler chaque jour le miracle de produire un journal, un site internet et une chaîne de radio.

5. À 10 ans, un journal est-il encore «jeune»?

«Il est encore jeune et il a pris 10 ans. Nos lecteurs nous sont restés fidèles, mais ils ont pris 10 ans également. Le vrai défi est de continuer à intéresser les plus jeunes à la lecture d’un journal papier, alors qu’ils sont sollicités par différents canaux d’information.

6. Quel regard jetez-vous sur l’évolution des médias en 10 ans?

«Les médias doivent continuer à s’adapter. Les règles qui prévalaient il y a 10 ans ne sont plus d’application. Il faut s’adapter aux nouvelles manières de consommer les médias, avec un transfert du papier vers le digital. En 24 heures, nous recevons beaucoup de sollicitations et la place consacrée à l’information est plus réduite, nous devons donc en tant que médias proposer la bonne offre pour atteindre notre public.

7. Un regret en 10 ans?

«J’en ai certainement quelques-uns, mais j’avoue les avoir oubliés. Le regret est souvent vécu lorsqu’on est immobile. Le passé étant par définition immuable, il est plus important de regarder vers le futur.

8. Que manque-t-il dans le paysage médiatique luxembourgeois?

«Une télé en français (sic), mais nous ne ferons pas de télé en français, car le marché est trop petit pour une deuxième chaîne de télévision. La télévision est de plus en plus concurrencée par le digital où l’image prend une part de plus en plus importante et avec une qualité croissante.

9. Le futur sera-t-il 100% digital?

«Pas à mes yeux. Le digital prendra une part de plus en plus importante, mais je reste persuadé que le journal papier a encore un bel avenir au Luxembourg en raison de la démographie si particulière du pays, avec l’arrivée de nouveaux résidents chaque année. Nous tirons actuellement plus de 100.000 exemplaires. Nous serons, je pense, en mesure de maintenir ce niveau pendant de nombreuses années en raison de cette évolution démographique positive du pays.

10. Où voyez-vous L’essentiel dans 10 ans?

«Nous vivons dans un monde en mutation, il est difficile de prévoir à cette échéance. Mais nous entendons rester une marque forte sur le papier et le web, ainsi que développer notre 3e pilier qui est le média radio. Nous voulons être partout, à tout moment et sur tous les supports.»

La première une de L’essentiel, le 10 octobre 2007.