L’un des principaux enseignements de ces élections tient dans le score du LSAP, qui passe pour la première fois sous la barre des 20%. (Photo: Nader Ghavami)

L’un des principaux enseignements de ces élections tient dans le score du LSAP, qui passe pour la première fois sous la barre des 20%. (Photo: Nader Ghavami)

Les Luxembourgeois ont fait parler les urnes ce dimanche. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que leurs votes résonnent comme un avertissement. S’il est évidemment trop tôt pour tirer des conclusions définitives de ce scrutin, le dépouillement quasi intégral des suffrages de liste (qui doit encore être complété par celui des suffrages nominatifs pour déterminer les rapports de force au sein du futur parlement) offre une première photographie singulière du nouveau paysage politique. 

      1.  Le Luxembourg n’est pas épargné par le rejet des formations politiques traditionnelles qui secoue l’Europe. Les trois partis qui se sont partagé le pouvoir depuis l’après-guerre (CSV, DP, LSAP) affichent tous des scores à la baisse. Seuls les Verts, qui n’ont fait leur entrée au gouvernement qu’à la faveur du dernier scrutin de 2013, parviennent à tirer leur épingle du jeu en enregistrant un score historique.

      2.  Qu’ils s’affichent à gauche ou à droite, tous les partis politiques alternatifs progressent, à l’exception du vieux parti communiste (KPL). L’ascension spectaculaire du parti Pirate (près de 7% des suffrages contre 2,93% en 2013), présent pour la deuxième fois seulement aux législatives, celle du parti de droite identitaire ADR et, dans une moindre mesure, celle de la formation de gauche radicale Déi Lénk sont autant de marques de rupture avec le système traditionnel. De la même manière, et au-delà de la montée des préoccupations écologistes dans l’électorat, la percée de Déi Gréng souligne, elle aussi sans doute, cette volonté de renouvellement. 

      3.  Le CSV s’affirme encore comme la première force politique du pays, mais en baisse. Avec un score en chute de près de 5 points par rapport au dernier score de l’ère Juncker, les chrétiens-sociaux montrent que la cure de 5 ans d’opposition ne leur a pas permis de reprendre des forces. Leur arrivée en tête du scrutin devrait leur permettre logiquement de prétendre à la formation du gouvernement, mais la modestie de leur score ne les met pas à l’abri de nouvelles tractations en coulisse de la part des partenaires de la coalition actuelle. 

      4.  Les trois partis de la coalition actuelle font jeu égal ou presque. C’est une très bonne nouvelle pour les Verts, qui se hissent désormais au même étiage que leurs partenaires et deviennent incontournables, quelle que soit d’ailleurs la future coalition. C’est une déconvenue de plus pour les socialistes du LSAP qui poursuivent leur dégringolade de scrutin en scrutin. C’est enfin une relative déception pour le DP, la formation de l’actuel Premier ministre Xavier Bettel, qui voit son bilan plutôt sanctionné et non plébiscité. Le paradoxe est que ces trois-là, aujourd’hui dans des positions bien différentes de 2013, pourraient toutefois trouver le moyen de continuer à s’entendre. Mais pour que cette hypothèse puisse voir le jour, il faudra bien sûr attendre l’arrivée des résultats définitifs, plus tard dans la soirée.