Les travaux sur l’E411 s’avèrent plus conséquents que prévu. Mais tout est fait pour tenir les délais. (Photo: Shutterstock)

Les travaux sur l’E411 s’avèrent plus conséquents que prévu. Mais tout est fait pour tenir les délais. (Photo: Shutterstock)

Créer une voie de covoiturage sans prévoir de parking de délestage semble inutile, ou en tout cas inefficace. C’est pourtant bien de cela qu’il s’agit, alors que le chantier de l’E411 empoisonne le quotidien de milliers de frontaliers depuis la mi-septembre.

Des travaux qui mettent le bourgmestre d’Arlon, Vincent Magnus, de méchante humeur. Il est vrai que c’est vers lui et son administration que les plaintes affluent, alors qu’ils n’ont pas, ou très peu, voix au chapitre. «Ce que l’on vit est tout simplement incroyable», confie-t-il à Paperjam. Ce dossier n’est qu’une suite de problèmes.» 

Des dalles en mauvais état

Et les frontaliers vont devoir prendre leur mal en patience. La Sofico, qui gère les infrastructures en Wallonie, indique en effet que les travaux progressent bien. «Cependant, nous devons réaliser des réparations beaucoup plus conséquentes qu’initialement prévu au niveau des dalles de béton», confirme Héloïse Winandy, sa porte-parole. «Le timing risque d’être serré pour clôturer le chantier pour cette fin d’année. Mais ça reste évidemment l’objectif, et les équipes mettent tout en œuvre pour y arriver.» Des ouvriers ont donc été appelés en renfort durant plusieurs nuits et le seront encore. D’autres travailleront durant le week-end.

Créer un parking en un mois et demi, c’est inconcevable.

Vincent Magnus, bourgmestre d’Arlon

Le bourgmestre arlonais n’en revient toujours pas non plus que ces travaux aient été lancés sans un minimum de concertation avec l’autorité communale. Alors qu’Arlon est la plus grosse pourvoyeuse de travailleurs frontaliers. «On veut créer sur ce tronçon de 11km une bande destinée au covoiturage. Cela relève de la volonté de la Région. Mais aucun parking de délestage n’est prévu, car on nous dit au mois d’août que cela relève de la compétence communale. Qui peut croire qu’on va pouvoir exproprier, étudier, financer, faire réaliser un parking en un mois et demi!»

Du côté wallon, on réplique que «tous les usagers ne démarreront pas à l’endroit même de la bande de covoiturage. Il est donc important de développer un peu partout en Wallonie les offres de parking de covoiturage, et c’est bien à cela qu’œuvrent en continu la Sofico et la Wallonie. Si la Commune d’Arlon veut créer un parking chez elle, nous ne pouvons que nous en réjouir, et examiner si nous pouvons y collaborer.»

Un goulet à Sterpenich

Le dossier prend un tour surréaliste quand on sait que la bande belge de covoiturage s’arrêtera pile à la frontière. Côté grand-ducal, les ministres avaient en leur temps signalé leur intention de prolonger cette bande spécifique. «Mais rien n’est officiel. Je ne comprends pas qu’on n’ait pas pu trouver un accord avant de commencer côté belge», se plaint le bourgmestre arlonais. Qui voit hélas sans doute juste en disant «que quand les travaux seront terminés, on passera soudainement, à Sterpenich, de trois à deux bandes de circulation. Cela va devenir un goulet pour les voitures durant des mois!»

La porte-parole de la Sofico affirme pour sa part qu’«un accord de principe a été arrêté entre le ministre wallon de la Mobilité et le ministre luxembourgeois des Transports.» Et qu’il demeure d’actualité. Sans autre précision.

La solution? Le P+R à Stockem

Le bourgmestre d’Arlon, lui, ne voit de salut que dans un parking sur le site des anciens ateliers de la SNCB à Stockem-Arlon. «Les plans existent: ce sont ceux du projet de P+R. Cela peut être très vite aménagé.» D’autant que le projet de P+R est lui aussi complètement à l’arrêt. «Mais ce n’est à nouveau pas la Commune qui a les cartes en mains, puisque le site est à la SNCB. Il suffirait que la Région entre en contact avec elle, mais elle ne le fait pas. Les CFL sont d’accord de faire venir les trains d’Arlon jusqu’à Stockem. Mais la SNCB ne veut pas, car cela n’entre pas dans le cadre de l’élaboration de son plan de transport. Du coup, tout est en stand-by. On croit rêver. Comment est-il possible de manquer à ce point de concertation en 2018?»

Pendant ce temps, les frontaliers galèrent ferme tous les jours. Et n’ont pas encore fini de le faire.