Il paraît qu’il a fallu faire sortir des gens de la salle lors de la projection de «Grave» au Festival de Toronto, car le film aurait provoqué des malaises. Avec ce genre de «buzz», on peut être sûr que le film sera vu.

Dans la famille de Justine, tout le monde est vétérinaire et végétarien. À 16 ans, elle est une adolescente surdouée sur le point d’intégrer l’école véto où sa sœur aînée est également élève. Mais, à peine installés, le bizutage commence pour les premières années. On force Justine à manger de la viande crue. C’est la première fois de sa vie. Les conséquences ne se font pas attendre. Justine découvre sa vraie nature.

Porté par l’interprétation de Garance Marillier, ce premier long métrage de Julia Ducournau étonne par la tension et l’assurance qui s’en dégagent. La réalisatrice parsème son angoissant récit d’initiation de soubresauts gore qui, grâce au travail de l’artiste en effets spéciaux Olivier Afonso, ont de quoi perturber même les fans du cinéma d’horreur. «Grave» est une exploration hardie et sanguinolente de la féminité.

Avant «Grave», premier long métrage au cinéma pour la réalisatrice Julia Ducournau, il y avait «Mange», un téléfilm réalisé pour Canal+ en 2012, et «Junior», un court métrage de 21 minutes. À chaque fois, la cinéaste traite de métamorphose physique: «‘Mange’ était très punk avec beaucoup de sexe, de drogues… Le film a été interdit aux moins de 16 ans sur Canal+. C’était l’histoire d’une ancienne obèse qui recroise la personne qui lui a pourri la vie au collège et veut se venger. ‘Junior’, c’est la mutation reptilienne d’une ado très garçon manqué en jeune fille. ‘Grave’ s’inscrit dans la continuité de mon court métrage. Mes héroïnes portent d’ailleurs le même prénom, Justine, et sont toutes les deux interprétées par Garance Marillier», confie la réalisatrice.

Julia Ducournau revendique le caractère protéiforme de son film et n’aimerait pas qu’il se retrouve enfermé dans une case: «De la même façon que dans la vie, je ne crois ni au genre masculin ou féminin, encore moins à une délimitation claire de la sexualité… Je vois des métamorphoses en permanence. La vie est trop courte pour n’être qu’un.»

 

France, Belgique, 2016 / 98 min / VO française avec sst. anglais / Drame, horreur

Projections, le 9 mars à 20h30 à la Cinémathèque et le 11 mars à 19h au Ciné Utopia.