Selon l’étude Deloitte UK, 47% des salariés hautement qualifiés originaires de l’UE envisagent de quitter le Royaume-Uni d’ici 2022.  (Photo: Licence C.C.)

Selon l’étude Deloitte UK, 47% des salariés hautement qualifiés originaires de l’UE envisagent de quitter le Royaume-Uni d’ici 2022.  (Photo: Licence C.C.)

Les incertitudes actuelles quant à l’avenir des résidents européens sur le sol britannique dans le cadre du Brexit se traduisent dans la perception de ces derniers sur leur présence outre-Manche. Près de la moitié (47%) des salariés hautement qualifiés issus des pays de l’UE – et 38% pour les non-Européens - envisageraient ainsi de quitter le Royaume-Uni au cours des cinq prochaines années, selon les conclusions d’une étude Deloitte UK publiée ce mardi. Un constat qui pousse le cabinet d’audit et de conseil à indiquer que «les entreprises et les établissements publics qui emploient des travailleurs non britanniques hautement qualifiés courent le risque d’un déficit potentiel de compétences dans les années à venir».

Menée auprès de quelque 2.200 salariés étrangers, dont la moitié sont résidents, l’étude indique que la vague de départs devrait principalement intervenir entre trois et cinq ans, soit d’ici 2020-2022, une fois que le départ de la Grande-Bretagne de l’Union européenne sera effectif. Pour rappel, ce dernier doit théoriquement être acté fin mars 2019, date officielle de la fin des négociations entre Bruxelles et Londres. À en croire les conclusions de cette étude, 23% des Européens hautement qualifiés vivant sur le sol britannique retourneraient alors dans leur pays d’origine – contre 32% pour les non-Européens -, le reste poursuivant leur expatriation. Principalement vers les États-Unis et l’Australie.

Conclusions de l'étude Deloitte UK sur les intentions des salariès hautement qualifiés issus des pays de l'UE.

«Les travailleurs d’outre-mer, particulièrement ceux de l’Union européenne, nous disent qu’ils sont plus susceptibles de quitter le Royaume-Uni qu’avant», indique David Sproul, senior partner chez Deloitte UK, cité par Bloomberg. «Cela souligne un déficit de compétences à court et moyen termes qui peut être comblé partiellement par une amélioration de la main-d’œuvre domestique, mais aussi par un système d’immigration adapté aux besoins de l’économie.»

Lors de la campagne législative de juin dernier, la Première ministre Theresa May avait indiqué vouloir «contrôler et réduire l’immigration» pour faire passer le solde migratoire de quelque 270.000 entrées actuellement à un seuil situé sous la barre des 100.000. Les nouveaux critères voulus par le gouvernement conservateur étant basés notamment sur les besoins actuels et futurs des entreprises et établissements publics.

Interrogations du côté des entreprises britanniques

Selon Torsten Bell, directeur du think tank Resolution Foundation, cité mi-juin par les médias britanniques, «beaucoup d’entreprises britanniques sont totalement mal préparées pour ce changement, notamment en ce qui concerne la migration. Les ministres ont aggravé cette incertitude en choisissant de ne pas répondre aux questions sur ce qu’est un régime d’immigration post-Brexit.»

Le sondage réalisé par Resolution Foundation auprès de 500 entreprises britanniques qui emploient des ressortissants européens indique par ailleurs qu’un tiers d’entre elles pensent que le Brexit ne changera pas le système de liberté de circulation actuel pour les salariés ayant un emploi, un quart pense que l’immigration augmentera et près de la moitié des employeurs estiment qu’aucun changement ne surviendra au cours des 12 prochains mois.