Nouveau chef – À 46 ans, Franz Fayot, avocat de formation, a été élu à la tête du LSAP avec 88% des voix. (Photo: Matic Zorman)

Nouveau chef – À 46 ans, Franz Fayot, avocat de formation, a été élu à la tête du LSAP avec 88% des voix. (Photo: Matic Zorman)

Il vient d’être intronisé nouveau chef de file des socialistes. Mais Franz Fayot sait que la tâche qui lui incombe est immense. En perte de vitesse au Grand-Duché comme partout ailleurs en Europe, les tenants de la social-démocratie sont dans l’obligation de se réinventer tant sur le plan des idées que sur leur mode d’organisation.

À 46 ans, cet avocat de formation a l’avantage de savoir parfaitement où il met les pieds. Fils de l’ancien député Ben Fayot, qui présida lui-même aux destinées du LSAP de 1985 à 1997, Franz Fayot a rejoint les rangs socialistes dès l’âge de 22 ans. Il en a gravi patiemment les échelons, attendant même que son père se retire de la vie politique pour poser sa candidature à la Chambre des députés, où il parvient à se faire élire en 2013. 

Cinq ans plus tard toutefois, c’est la douche froide! Dans un scrutin marqué par un net recul du LSAP à l’échelle nationale (trois sièges en moins), Franz Fayot échoue de justesse à se faire réélire en octobre dernier. Il ne doit aujourd’hui son siège de député qu’au jeu de chaises musicales qui s’est déroulé à l’occasion de la formation du gouvernement, dans lequel les socialistes sont parvenus à sauver l’essentiel de leurs postes malgré leur déconfiture.

Pressenti en 2013 pour intégrer le gouvernement, Fayot devra encore une fois passer son tour. Et qu’importent les rumeurs qui le donnent régulièrement partant pour un ministère… «Si je prétends être président, c’est bien pour un mandat de deux ans, assure-t-il. Il n’y a pas d’autres spéculations à faire à ce jour.» Fermez le ban!

On ne peut continuer comme avant. Notre parti fait maintenant face à des défis fondamentaux qui doivent être relevés en équipe.

Franz Fayot, président du LSAP

Il faut reconnaître que ce n’est pas le travail qui manque et que la nouvelle fonction qu’il occupe est un job à plein temps. Seul candidat à la succession de Claude Haagen, qui avait décidé de ne pas se représenter, le nouveau président, élu le 22 janvier par le congrès de son parti avec 88% des voix, promet déjà de nombreux changements.

À commencer par de nouvelles têtes: à l’exception de Christine Schweich, qui conserve son poste de trésorière, la totalité du comité directeur se voit ainsi renouvelée. Tom Jungen (bourgmestre de Roeser et secrétaire syndical à l’OGBL) devient le nouveau secrétaire général, la ministre Paulette Lenert, sa vice-présidente, et Dan Biancalana, député-bourgmestre de Dudelange, son vice-président.

Franz Fayot affiche clairement la couleur: «Les instances doivent redevenir le lieu où l’on décide de notre ligne, où l’on forme les gens. On ne peut continuer comme avant. Notre parti fait maintenant face à des défis fondamentaux qui doivent être relevés en équipe.»

Pas de coup de barre à gauche

Conscient que c’est peut-être «la dernière chance de relancer le parti et de rester une vraie force politique», le premier des socialistes luxembourgeois est marqué par les revers de fortune des partis frères ailleurs en Europe et notamment par la quasi-disparition du PS de l’échiquier politique français.

Il est vrai que les socialistes doivent maintenant utiliser des remèdes radicaux pour retrouver de la vigueur. Franz Fayot le reconnaît lui-même: «Les gens ne viennent plus aux réunions, il faut trouver un autre format.» Mais pas question pour autant d’infléchir la ligne par un traditionnel coup de barre à gauche.

«Ce n’est plus comme cela qu’il faut voir les choses. Ce n’est pas la solution miracle, en tout cas pas celle qui sauvera un parti socialiste, explique-t-il. Ce qu’il faut faire, c’est, pour chaque thème de société, se demander quel est l’intérêt pour le bien-être de chacun dans ce pays.»

On doit redevenir plus démocratiques, impliquer davantage nos membres.

Franz Fayot, président du LSAP

Pragmatique donc, mais déterminé, Fayot se fixe trois niveaux de priorités: «Premièrement, on doit travailler les thématiques qui sont proches des gens, qui s’inscrivent dans leur quotidien. Deuxièmement, on doit repérer et former de nouveaux talents, en veillant à un bon équilibre entre les hommes et les femmes. Troisièmement, il faut réformer nos structures, nos processus de travail et de décision... On doit redevenir plus démocratiques, impliquer davantage nos membres.»

Tout cela ne se fera pas du jour au lendemain. Mais en amateur de running, Franz Fayot a l’habitude des courses de fond. Et même si la tâche s’annonce des plus délicates, il sait qu’il peut aussi s’appuyer sur quelques bonnes surprises
apparues lors du dernier congrès. Tout d’abord, en ce qui concerne le nombre de candidats au comité directeur. Ils étaient plus de 40, proposés par les sections ou bien en lice à titre individuel.

«Cela faisait très longtemps qu’il n’y avait plus eu autant de candidats, c’est la preuve que le parti est vivant», savoure le vice-Premier ministre socialiste Étienne Schneider. Ensuite, le nombre de délégués présents a aussi surpris. Ils étaient 348 au total.

Ce qui, avec la présence de nombreux sympathisants, a contribué à constituer une salle bien garnie à Bascharage. Enfin, les jeunes ont aussi montré que leur heure avait sonné. Ils ont ainsi déposé une motion appelant à un renouveau, mais aussi pris la parole pour défendre leurs arguments, leurs idées, leurs projets... Faisant souffler un vent de fraîcheur, fort bienvenu pour l’avenir, qui sait?