Me Grasso, au centre, estime que les défis sont les mêmes pour tous les avocats. (Photo: Charles Caratini / archives)

Me Grasso, au centre, estime que les défis sont les mêmes pour tous les avocats. (Photo: Charles Caratini / archives)

Le Barreau et le ministre de la Justice seraient sur la même longueur d'onde pour réformer et moderniser la justice, et leurs relations sont «excellentes»: le nouveau bâtonnier de l'ordre des avocats, Me Rosario Grasso, a salué, ce mardi, lors de la conférence de presse de rentrée du Barreau de Luxembourg, les très bonnes dispositions de Félix Braz à dialoguer avec les avocats et sa volonté d'une justice indépendante.

L'indépendance «réelle» de la justice ne passera, selon le Barreau, que par la mise en place «rapide» de la Cour suprême et du Conseil national de la justice ainsi que des «ressources nécessaires», en accélérant par exemple l'informatisation («paperless justice») et en adaptant les procédures en conséquence.

Pour preuve des bonnes relations avec Félix Braz, le bâtonnier a évoqué la manière dont se discute désormais la réforme de l'aide judiciaire, qui était déjà au menu du précédent ministre de la Justice, François Biltgen, sans aboutir à autre chose que de mettre la plupart des avocats contre lui. Il faut dire que l'ancien ministre CSV s'était montré assez brutal en proposant de tailler dans les taux horaires des avocats à rembourser par l'État dans le cadre de l'aide judiciaire, alors que les tarifs n'ont plus été adaptés par l'État depuis des années. Le changement de gouvernement a permis de renouer le dialogue, qui n'avait d'ailleurs pas été totalement rompu, sans doute parce qu'avant de devenir ministre, puis juge à la Cour européenne, François Biltgen avait lui aussi été avocat.

Économies substantielles

«Le barreau ne partageait pas l'approche du ministre Biltgen de baisser le taux horaire», a fait savoir Me Grasso en indiquant que le barreau, sous l'impulsion de ses prédécesseurs, avait formulé des propositions «pertinentes» pour mieux contrôler les frais, avec à la clef des «économies substantielles». L'idée de forfaits fait ainsi son chemin pour les affaires comme les licenciements abusifs ou les procédures initiées par les réfugiés politiques.

Comme il le signale dans le dossier de presse, «l'avocat est le garant de l'accès à la justice, d'où l'importance aussi d'assurer l'accès à l'avocat».

Synergies

Le sujet n'a pas été abordé lors de la conférence de presse, mais l'agenda de Me Rosario Grasso va également porter sur un rapprochement des deux barreaux de Luxembourg et de Diekirch. Il a parlé prudemment de «développer des synergies raisonnables».

Dans son discours de rentrée devant ses pairs, le bâtonnier s'est plu à dire que la profession était «unie et forte», malgré les structures différentes des études d'avocats (407 cabinets d'avocats ont été comptabilisés au compteur du barreau de Luxembourg, pour 2.203 avocats inscrits). Car, à ses yeux, «les défis sont les mêmes pour tous les avocats».