Si le cours du bitcoin suit ces derniers jours le parcours d’une montagne russe, après avoir franchi pendant quelques heures la barre symbolique des 10.000 dollars mardi, la tendance depuis le début de l’année est claire. La cryptomonnaie a le vent en poupe. Échangée contre 987 dollars (834 euros) au 1er janvier, la devise électronique flirte ce jeudi avec la barre des 9.800 dollars (8.281 euros). Soit un cours multiplié par 10 en 11 mois et qui fait que la capitalisation totale approche les 300 milliards de dollars (253,6 milliards d’euros).

Un mouvement ascendant fulgurant qui n’a pas échappé aux principales autorités bancaires, qui ne cachent pas leur méfiance. «C’est un actif très particulier, par définition spéculatif si l’on regarde l’évolution de son prix», a noté mercredi Vitor Constancio, vice-président de la Banque centrale européenne, dans une interview accordée sur la chaîne américaine CNBC, qui prédit toutefois «d’importantes fluctuations» qui ne devraient cependant «pas s’étendre à d’autres marchés».

Intérêt de plus en plus grand pour les ICO

Une position déjà défendue en septembre dernier par le même haut responsable de l’institution de supervision bancaire européenne, qui avait alors comparé l’emballement actuel à l’hystérie spéculative qui s’était emparée de l’Europe au 16e siècle autour des bulbes de tulipe. D’autres acteurs du secteur financier mondial avaient pris moins de gants pour définir leur pensée vis-à-vis de la cryptomonnaie. Jamie Dimon, CEO de la banque JP Morgan, avait pour sa part parlé d’«escroquerie» destinée à «imploser», tandis que Tidjane Thiam, directeur général de Credit Suisse, assurait que la flambée actuelle du cours du bitcoin répondait à «la définition même d’une bulle». Même point de vue pour le prix Nobel d’économie 2014, Jean Tirole, dans une tribune publiée jeudi dans le Financial Times.

Un mouvement de recul qui n’empêche toutefois pas d’autres acteurs du secteur de vouloir s’engouffrer dans ce qu’ils perçoivent comme une opportunité, dans un contexte de taux bas généralisé. Selon le cabinet Autonomous Next, cité par Le Monde, près de 70 hedge funds investiraient déjà dans la cryptomonnaie. L’engouement touche également les «Initial Coin Offerings», les ICO, ces levées de fonds non encore réglementées et basées sur les monnaies virtuelles qui auraient déjà permis de recueillir quelque deux milliards d’euros depuis le début 2017.

Face aux interrogations soulevées, plusieurs approches se sont mises en place. D’un côté, une réflexion sur les opportunités générées par cette nouvelle branche de la finance, de l’autre, l’interdiction pure et simple. La Lhoft, en partenariat avec la fondation Stellar Development, a ainsi publié un livre blanc sur cette question. Les autorités chinoises et marocaines, elles, refusent les transactions en monnaies virtuelles, la Chine allant même jusqu’à bannir les ICO. De quoi poursuivre les échanges autour des devises électroniques et de leur pendant technologique, la blockchain, qui avait pour ambition de mettre en place un système monétaire plus transparent.