Au mois de juin, les levées de fonds faites par des ICO ont dépassé en valeur celles qui sont passées par des sociétés de capital-risque. (Photo: Licence C. C.)

Au mois de juin, les levées de fonds faites par des ICO ont dépassé en valeur celles qui sont passées par des sociétés de capital-risque. (Photo: Licence C. C.)

ICO, pour «Initial Coin Offering», est un acronyme auquel le secteur financier va devoir s’habituer dans les années à venir. Il s’agit en effet d’une expression anglaise que l’on pourrait traduire par «émission initiale de jetons» et qui permet aux entreprises, et plus particulièrement aux start-up, d’obtenir du cash sans passer par une banque.

Depuis janvier, plus d’1,8 milliard de dollars a ainsi été levé par le biais de cette méthode, selon la Lhoft. Alors qu’en juin, ces levées de fonds d’un genre nouveau ont dépassé en valeur celles traditionnelles, qui passent par des sociétés de capital-risque.

Ces technologies sont là pour rester.

Lindsay Lin, Stellar Development

Durant deux mois, la Lhoft et la fondation Stellar Development ont parlé avec des développeurs, des régulateurs, des avocats et des entrepreneurs du monde entier pour mieux comprendre les opportunités et les risques que représentent les ICO. Les conclusions de ces échanges sont publiées aujourd’hui par les deux organisations dans un livre blanc.

Un document précieux de 40 pages qui se propose de faire un état des lieux sur les ICO, à la fois d’un point de vue technique et réglementaire.

«Les technologies sous-jacentes à l’explosion des ICO, qui sont la blockchain, les smart contracts, les algorithmes consensuels et la cryptographie, ont le potentiel de transformer les applications et l’utilisation du réseau [internet]», explique Lindsay Lin, de la fondation Stellar Development. «Ces technologies sont là pour rester et la clé pour les régulateurs est désormais de créer des cadres pour éviter l’utilisation frauduleuse de ces technologies, sans en entraver l’adoption et le développement.»

Des risques existent

L’ICO est une émission de jetons ou «coin» échangeables en monnaie virtuelle, telle que le bitcoin ou l’ether. L’investisseur qui y souscrit obtient des actifs numériques émis directement par l’entreprise, qui sont échangeables en monnaie virtuelle. Ceux-ci peuvent représenter des parts de l’entreprise ou un droit d’utilisation d’un service à venir.

Cette technologie, en plus d’être bien plus rapide et simple qu’une levée de fonds classique, a l’avantage de mettre en relation directe l’investisseur et l’entreprise, sans plus passer par une banque.

«Néanmoins, les ICO peuvent impliquer des risques, qui vont de la protection de l’investisseur à ceux plus classiques liés à ce type d’investissement», précise la Lhoft dans son communiqué. Il s’agit en effet d’un marché encore immature et donc fortement volatil. De plus, la valeur des jetons obtenus par l’investisseur peut être manipulée de diverses façons.

L’Europe a un rôle-clé à jouer

Dans un communiqué publié la semaine dernière sur son site, la Financial Conduct Authority (FCA), le régulateur britannique, a d’ailleurs averti sur les dangers courus par les investisseurs qui choisissent les ICO.

«Vous ne devriez investir dans un projet d’ICO que si vous êtes un investisseur expérimenté, confiant dans la qualité du projet de l’ICO lui-même (par exemple plan d’affaires, technologie, personnes impliquées) et prêt à perdre toute votre participation», a communiqué la FCA sur son site internet. Ajoutant qu’il s’agissait d’«investissement spéculatif à très haut risque».

Une mise en garde qui n’est pas isolée et qui pousse certaines start-up qui étaient prêtes à obtenir des fonds via des ICO à repenser leur stratégie.

Un cadre réglementaire favorable dont l’innovation technologique doit être le moteur.

Emilie Allaert, Luxembourg House of Financial Technology (Lhoft)

«Dans la crise réglementaire actuelle, l’Europe a un rôle à jouer pour démontrer que la coopération peut conduire à un cadre favorable pour les entrepreneurs et les investisseurs et dans lequel l’innovation technologique doit être le moteur», note Emilie Allaert, responsable de projets à la Lhoft.

Car malgré toutes ces incertitudes, la communauté technologique voit un «fort potentiel» dans les technologies liées à la blockchain, conclut la Lhoft. Mais comme toute technologie disruptive, le futur des ICO est encore bien incertain.