«Pour encourager les femmes à se lancer dans l’entrepreneuriat, la clé est l’éducation», a notamment expliqué Marina Andrieu (au centre) lors de la table ronde. (Photo: @EY_Luxembourg/Twitter)

«Pour encourager les femmes à se lancer dans l’entrepreneuriat, la clé est l’éducation», a notamment expliqué Marina Andrieu (au centre) lors de la table ronde. (Photo: @EY_Luxembourg/Twitter)

Cinq femmes, cinq parcours, et la même envie d’encourager l’entrepreneuriat au féminin. Une table ronde a été organisée autour de ce sujet mardi, par le Founder Institute avec EY Luxembourg, dans ses locaux du Kirchberg.

Modérée par Anna Radulovski, elle-même fondatrice et CEO de Coding Girls, qui compte aujourd’hui plus de 3.000 membres à travers le monde, et qui a pour but «de donner aux filles les moyens de se lancer dans le codage et de développer une carrière en technologie». Elle est également directrice du Founder Institute Luxembourg, lancé en septembre dernier.

À ses côtés se trouvaient autour de la table: Aida Nazarikhorram, cofondatrice et CMO de la start-up LuxAI; Gaëlle Haag, CEO et cofondatrice de la start-up StarTalers; Larissa Best, présidente de l’asbl LBAN (Luxembourg Business Angel Network), directrice et cofondatrice de l’association Équilibre; Maria Mateo Iborra, cofondatrice de la start-up BitValley et son projet Ibisa; et Marina Andrieu, directrice et cofondatrice de Wide – Women in Digital Empowerment.

«Toutes les start-up ne sont pas dans l’IT»

Sans langue de bois, et sans avoir pour idée d’idéaliser le monde de l’entrepreneuriat ou des start-up, les cinq chefs d’entreprise ont témoigné de leur histoire, des difficultés qu’elles ont rencontrées, des solutions qu’elles ont pu trouver, et ont apporté des conseils à celles présentes dans l’assistance, qui étaient intéressées pour se lancer dans cette aventure au quotidien.

«Il ne faut déjà pas croire que toutes les start-up sont positionnées dans le domaine des nouvelles technologies, et penser que parce que vous n’avez pas cette appétence pour l’IT, vous ne pourrez pas créer votre entreprise», a tenu à rassurer Larissa Best. «De nombreuses start-up sont également dans le secteur du commerce. Et si vous voulez vous lancer dans une application ou un marché qui a un lien avec les nouvelles technologies, c’est également possible, mais il faudra vous former, ou très bien vous entourer.»

Les femmes ambitieuses sont critiquées.

Marina Andrieu, directrice et cofondatrice de Wide

«La clé, c’est l’éducation»

Et il y a encore du travail en ce qui concerne la présence des femmes dans le domaine des nouvelles technologies puisque l’Europe ne compte que 16,7% de femmes spécialisées dans le secteur IT actuellement, et le Luxembourg à peine 10%. Alors que le Vieux Continent est en manque de 700.000 professionnels du digital.

«Pour encourager les femmes à se lancer dans l’entrepreneuriat, la clé est l’éducation», confirme Marina Andrieu. «C’est très important de travailler avec les jeunes filles pour leur donner envie de se lancer, leur montrer des exemples de femmes chefs d’entreprise, et notamment leur donner envie de travailler dans les nouvelles technologies et dans l’IT. Leur prouver qu’il ne faut pas qu’elles se découragent face aux obstacles qu’elles rencontreront, et leur rappeler que se lancer dans l’entrepreneuriat est très difficile, qu’elles soient des femmes ou non.»

«Trouver un équilibre avec leur famille»

Les cinq intervenantes sont également revenues sur la crainte que peuvent ressentir certaines femmes, également mères de famille, à l'idée de se lancer dans l’entrepreneuriat. «Il faut que vous acceptiez les conséquences de vos choix. C’est dur, mais oui, vous ferez partie du club des mauvaises mères», a ainsi prévenu Gaëlle Haag. 

«Les femmes ont souvent peur de ne pas trouver un équilibre avec leur famille», a appuyé Marina Andrieu. «Les femmes ambitieuses sont critiquées, et pourtant en ce qui concerne les start-up, elles ont souvent moins d’ambition, elles ne sont pas sûres de réussir à lever des fonds, ou d’en avoir besoin.»

«Être super-organisée»

Pour Larissa Best, «le plus important est d’être super-organisée. Créer sa start-up c’est un choix, mais c’est aussi une maladie. Pour que les choses se passent bien, vous avez aussi besoin de dire non quelquefois à certaines choses.» Et si les hommes qui ont des enfants parviennent à créer leur entreprise, «c’est parce qu’ils ont très souvent une conjointe qui les soutient, donc pour qu’une mère puisse se lancer, elle doit aussi avoir un conjoint qui soit là pour la soutenir dans son projet».

Ces chefs d’entreprise ont ensuite échangé sur les difficultés afférentes à l’entrepreneuriat «en général, et qui ne sont pas propres aux femmes», confirme Gaëlle Haag. «L’entrepreneuriat, ce n’est pas prendre des risques, c’est réussir à les gérer. Et cela demande un travail acharné, il faut s’y dédier entièrement, et ne pas penser que l’on pourra continuer son activité salariée en parallèle.»

«Down, down, down, up»

«Et il n’est jamais trop tard pour se lancer», a insisté Aida Nazarikhorram. «Mais ce qu’il faut bien avoir à l’esprit, c’est que le produit que vous créez ou le projet que vous avez doit posséder un marché sinon cela ne va pas marcher. Il faut beaucoup en parler autour de soi, et avec des clients potentiels.»

Balayant l’image quelquefois édulcorée de la start-up, Maria Mateo Iborra a également expliqué «que c’est souvent ‘down, down, down, up’ au quotidien. Il y a des chances que cela ne marche pas, mais ce ne sera pas parce que vous n’aurez pas assez travaillé, ou que l’idée n’était pas bonne, mais tout simplement parce que ce n’était pas le bon moment.»