Qu’elle soit qualitative, intensive, extensive, inclusive, durable, intelligente, sélective, dirigée (…), le Luxembourg a besoin de croissance pour assurer sa prospérité. (Photo: Cayambe)

Qu’elle soit qualitative, intensive, extensive, inclusive, durable, intelligente, sélective, dirigée (…), le Luxembourg a besoin de croissance pour assurer sa prospérité. (Photo: Cayambe)

Nous aimerions pouvoir répondre «Fënnef mol jo!/Cinq fois oui!/Fünf mal ja!» à ces cinq questions qui sont l’occasion de livrer une multitude de réponses aux défis qui attendent le Luxembourg et… le prochain gouvernement.

L’économie luxembourgeoise a-t-elle trouvé de nouvelles niches de croissance?

Qu’elle soit qualitative, intensive, extensive, inclusive, durable, intelligente, sélective, dirigée (…), le Luxembourg a besoin de croissance pour assurer sa prospérité. Les prévisions de moyen terme du Statec suggèrent qu’elle pourrait osciller entre 4,6% et 2,9% de 2018 à 2021 (4% en moyenne annuelle)[1]. Qu’en aura-t-il été dans cinq ans? En cas de crise économique, il se pourrait malheureusement qu’au débat – indispensable - sur la nature de la croissance luxembourgeoise se soit substitué un débat sur la répartition des efforts à fournir pour «limiter les pertes». Pour l’État providence luxembourgeois, la stagnation n’est pourtant pas une option.

En 2023, comment se portera la place financière, principal moteur économique du Luxembourg, qui se trouve en 2018 dans un contexte marqué par d’importantes mutations (digitalisation, réglementation, taux d’intérêt bas)? Aura-t-elle su consolider son attractivité malgré les modifications réglementaires, le Brexit, la réforme fiscale américaine? Aura-t-elle vu se développer des niches dans les domaines des fintech, des fonds verts, des insurtech, des regtech, etc.?

Diversifier l’économie du pays

Le tissu économique étant «sensible» aux aléas, il doit – plus que tout autre - constamment chercher des relais de croissance pour diversifier les moteurs de son économie en ajoutant «des cordes à son arc». À la fin de la prochaine législature, il sera dès lors légitime de se demander si le pays a vu décoller les secteurs de la diversification économique. Le poids de l’industrie dans le PIB aura-t-il augmenté grâce aux efforts menés pour embrasser le modèle du «manufacturing 4.0» sous l’effet d’un renforcement de la part de la valeur ajoutée liée aux innovations de services dans la valeur ajoutée industrielle?

Une telle évolution couronnerait le choix des secteurs prioritaires (TIC, technologies de l’espace, logistique, sciences et technologies de la santé et écotechnologies) et d’un accompagnement stratégique (soutien à la recherche et développement, prospection d’investisseurs/investissements étrangers ciblés, développement des PME à l’export grâce à l’innovation et à la digitalisation, diversification des débouchés commerciaux dans des zones géographiques en croissance, etc.). 

Le nouveau «mix sectoriel» luxembourgeois aura-t-il contribué à renforcer les gains de productivité? Aura-t-il été possible de développer ces nouvelles activités «paisiblement» (disponibilité des terrains, de main-d’œuvre qualifiée, démarches administratives simplifiées, etc.) et en adéquation avec les objectifs environnementaux?

Au-delà de ces questions, il conviendra également de se demander si les acteurs socio-économiques, en relation avec les pouvoirs publics, ont entretenu la «symbiose rifkinienne» autour de la recherche d’une croissance durable. Ont-ils continué à réfléchir aux ajustements possibles dans les choix de ces secteurs de diversification, et grâce à leur capacité à «rester alertes», en ont-ils éventuellement ajouté de nouveaux?

Luxembourg, une «start-up nation»

Enfin, la prochaine législature aura-t-elle été celle qui pourra et saura récolter les jolis et juteux fruits des fleurs de la «start-up nation» actuellement en pleine structuration? Un nouveau SES ou un nouveau Skype sera-t-il sorti du chapeau du programme Spaceresources, ou du Future Tech Fund? Cela revenant à se demander si l’État stratège aura eu la main heureuse.

La position du Luxembourg d’attendre un nouvel accord de l’OCDE sur la taxation des Gafa et plus généralement sur les modalités d’imposition des bénéfices des entreprises (Accis) aura-t-elle été la voie finalement choisie par l’Union européenne, qui affiche sa volonté de se placer en «first mover» ou en «cavalier seul»? Quelle feuille de route le pays aura-t-il suivie en matière de taux d’imposition facial sur les sociétés, compte tenu de la disparition progressive des niches et de sa baisse générale à l’échelle internationale?