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 (Photo: Prime Minister’s Office/Tom Evans - Crown Copyright)

Plus de six mois après le référendum du 23 juin, durant lequel la majorité des participants avaient voté pour la sortie du Royaume-Uni de l’UE, la Première ministre britannique a présenté ce mardi la feuille de route de son gouvernement conservateur en 12 points. Les négociations entre Londres et Bruxelles, qui seront déclenchées par l’invocation de l’article 50 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne avant fin mars, porteront particulièrement sur l’avenir des relations économiques et commerciales entre les deux partenaires.

Exit le marché unique

Pour pouvoir continuer à profiter du marché unique européen, un État doit respecter les quatre règles de la libre circulation des biens, du capital, des services et des personnes. Selon Theresa May, rester membre du marché unique sans être État membre de l’Union européenne voudrait donc dire que le Royaume-Uni devrait «respecter les règles européennes, sans avoir de droit de vote». Voilà pourquoi le Royaume-Uni devra donc bien quitter l’UE, car il ne pourrait pas rester «à moitié dedans et à moitié dehors».

Les nouvelles relations seront cependant positives, aussi bien pour le Royaume-Uni que pour l’Union européenne, a déclaré la Première ministre britannique. Theresa May n’a par ailleurs pas exclu la possibilité que le Royaume-Uni continue à participer à certains programmes européens et donc d’y participer financièrement.

No deal is still better than a bad deal.

Theresa May, Première ministre britannique

À ceux qui en Europe plaideraient pour une «punition» contre le Royaume-Uni (pour décourager d’autres États membres de quitter l’Union, ndlr), Theresa May a dirigé ce message: «Le Royaume-Uni ne peut pas et n’acceptera pas une telle approche!» Selon elle, «un ami n’agit pas ainsi» et punir le Royaume-Uni reviendrait à se punir soi-même.

La Première ministre s’est dite confiante dans le fait que, tout comme elle, ses partenaires européens seraient à la recherche d’un accord positif, et qu’un accord positif, aussi bien pour Londres que pour Bruxelles, serait tout à fait possible. Cela dit, «pas d’accord vaudrait toujours mieux qu’un mauvais accord», a-t-elle nuancé.

Le bras de fer

Rassurante d’un côté, mais dure de l’autre, Theresa May n’a pas accepté de décrire une éventuelle baisse des impôts comme une «menace» ou une «arme» pendant les négociations. L’interdépendance entre la Royaume-Uni et les États européens suffirait: selon elle, aucun gouvernement en Europe ne serait prêt à sacrifier son secteur automobile, qui nécessite des composantes britanniques, uniquement pour marquer un point «politiquement».

L’objectif de son gouvernement conservateur demeure donc un accès aussi libre que possible au marché européen et vice-versa. Impossible d’imaginer que ces négociations ne verront pas l’une ou l’autre partie agiter des leviers pour obtenir satisfaction. Theresa May a insisté sur ce point en rappelant à quel point il serait important de rester «discipliné», c’est-à-dire de ne pas divulguer chaque détail des négociations.

Un Royaume-Uni ouvert

Pour Theresa May, une chose est sûre: le résultat du référendum du 23 juin ne serait pas une demande de repli sur soi. Selon elle, le Royaume-Uni devrait «émerger plus uni et plus ouvert» du Brexit. Le Royaume-Uni ne tournerait pas le dos à l’Europe mais resterait un ami et allié, tout en se tournant en revanche vers le reste du monde. Le gouvernement conservateur voit cependant la chance de mieux contrôler l’immigration. Theresa May a toutefois rajouté que le Royaume-Uni devrait continuer à «attirer les plus intelligents et les meilleurs».

Tandis que durant la campagne du référendum du 23 juin, Theresa May était d’avis que la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne nuirait à l’économie britannique, elle a dû admettre ce mardi devant ses ministres et devant la presse que les choses seraient différentes aujourd’hui. Le Fonds monétaire international a en effet corrigé ce lundi ses prévisions de croissance pour l’économie britannique, de 0,4 point de pourcentage.

Cela dit, le gouvernement britannique va quand même reporter certains objectifs de discipline budgétaire pour investir dans les infrastructures et stimuler ainsi l’économie. Parallèlement, les Britanniques doivent s’attendre également à une série de réformes au cours des prochaines années.