Le CNFP et son président, Yves Nosbusch, n’ont pas dans leurs prérogatives de recommander des mesures politiques, mais d’éclairer les élus sur l’évolution des caisses de l’État à court, moyen et long termes. (Photo: Sébastien Goossens / archives)

Le CNFP et son président, Yves Nosbusch, n’ont pas dans leurs prérogatives de recommander des mesures politiques, mais d’éclairer les élus sur l’évolution des caisses de l’État à court, moyen et long termes. (Photo: Sébastien Goossens / archives)

«Plus tôt les mesures sont prises, moins douloureuses elles seront.» Voici comme pourrait être résumée la principale recommandation du Conseil national des finances publiques (CNFP), suite à la présentation, vendredi, de son évaluation des finances publiques.

Un travail mené dans le cadre du Programme de stabilité et de croissance pour la période 2018 à 2022, pour le respect des règles budgétaires européennes. Le CNFP – présidé par Yves Nosbusch –, qui a été doté des missions de surveillance des finances publiques dans ce contexte, n’émet pas d’avis positif, mais se base sur une série d’indicateurs pour rendre son avis, voulu le plus objectif possible.

À court et moyen terme, tout va bien…  

Le principal indicateur pour le CNFP est l’objectif à moyen terme (OMT), qui sert de seuil au-delà duquel la feuille de route budgétaire serait estimée à risque. Exprimé en fonction du PIB de chaque pays et validé avec la Commission européenne, l’OMT dépend notamment des projections macroéconomiques, budgétaires et démographiques.

«La principale règle budgétaire nationale, c’est-à-dire celle portant sur le solde structurel et le respect de l’objectif budgétaire à moyen terme (OMT), est a priori respectée en 2017», note le CNFP dans son communiqué de presse. Il s’attend aussi à un respect sur 2018-2019. 

À -0,5% actuellement, un nouvel OMT sera fixé en 2019 pour la période 2020-2022. Selon les estimations du CNFP basées sur un maintien de la dette publique à long terme en dessous des 30% du PIB, l’OMT minimal devrait se rapprocher de +1,50% du PIB, autrement dit une rigueur budgétaire plus importante.

…mais pas sur le long terme

Comme l’avait déjà remarqué le CNFP en 2016 et en 2017, l’évolution des finances publiques, ou plutôt du poids de la dette, n’est cependant guère réjouissante. Et invite à l’action. 

«Le Luxembourg est donc confronté à un risque élevé pour la soutenabilité à long terme des finances publiques. Le CNFP recommande dès lors que des mesures appropriées soient prises par les autorités compétentes», note le Conseil dans son rapport

Si les dernières projections démographiques de la Commission européenne tablent sur une population de 0,99 million en 2060 et de 1,04 million en 2070, alors qu’il était question en 2015 d’une population de 1,1 million en 2060, la tendance demeure la même, mais ne fait que reculer d’un peu le problème.

Sujet de campagne

«À long terme, les défis sont confirmés, en raison des dépenses futures liées au vieillissement de la population», ajoute le CNFP, qui, sans le dire explicitement, pointe à nouveau le coût que vont représenter les pensions.

En coulisses, des responsables politiques notent que les nouvelles prévisions montrent déjà un recul de ce fameux mur des pensions. Comme si ce report du problème paraissait infini.

En 2015, le ministre en charge des pensions, Romain Schneider, indiquait déjà que le système actuel était finançable jusqu’en 2040. Les dernières estimations du CNFP ne font que reculer le problème d’un an. Reste à faire entrer courageusement ce thème dans la campagne, et surtout dans les programmes pour les législatives d’octobre.