Réunis lundi aux côtés d’Étienne Schneider, ministre de l’Économie, Patrick Biewer, Karim Michel Sabbagh et Sasha Baillie ont détaillé les ambitions du pays via son premier satellite militaire. (Photo: Mike Zenari)

Réunis lundi aux côtés d’Étienne Schneider, ministre de l’Économie, Patrick Biewer, Karim Michel Sabbagh et Sasha Baillie ont détaillé les ambitions du pays via son premier satellite militaire. (Photo: Mike Zenari)

Depuis son accession à la Maison-Blanche, Donald Trump aime être au centre de l’attention. Mais s’il l’est souvent de manière volontaire via ses messages sur Twitter ou ses décisions politiques, il l’est également de manière indirecte. Le shutdown actuellement en vigueur aux États-Unis, résultat d’un désaccord entre élus démocrates et républicains sur le budget temporaire, pourrait avoir des conséquences sur la politique luxembourgeoise. Ou du moins sur l’un de ses investissements stratégiques, à savoir le lancement du GovSat-1, le premier satellite militaire créé par le gouvernement en partenariat avec SES.

Prévu pour être lancé le 30 janvier prochain par une fusée Falcon 9 de SpaceX depuis la base de Cap Canaveral (Floride), l’engin pourrait voir sa fenêtre de tir reportée. Une hypothèse évoquée il y a quelques jours par Karim Michel Sabbagh, CEO de SES, et confirmée ce lundi. À une nuance près, toutefois. «Pour le moment, le lancement est opérationnel selon les informations transmises à la fois par nos équipes sur place et SpaceX», indique le CEO lors d’une conférence de presse dédiée à la présentation du projet, une semaine avant son décollage théorique. «La seule chose que je peux indiquer c’est que nous aurons la réponse définitive mercredi», précise-t-il.

Bon nombre de pays membres de l’Otan et de l’UE intéressés.

Patrick Biewer, CEO de LuxGovSat

Arrivé sur site le 11 janvier dernier, l’engin subit actuellement les derniers préparatifs en vue de son exploitation, prévue pour une durée de 15 ans. Fruit des engagements du pays d’accroître le montant de ses dépenses de défense auprès de l’Otan et de sa volonté de jouer un rôle de premier plan dans la mise en place d’une «Europe spatiale», le satellite GovSat-1 doit également permettre de créer une nouvelle niche pour l’économie nationale: celle de la sous-location de capacité satellitaire. Représentant «un potentiel de 2,7 milliards de dollars (2,2 milliards d’euros), soit 7% de croissance annuelle», selon Michel Karim Sabbagh, ce secteur attise les convoitises. D’autant plus que «les capacités satellitaires à destination des gouvernements et des institutions internationales manquent», comme l’assure Patrick Biewer, CEO de LuxGovSat.

Conçu pour assurer des communications hautement sécurisées, que ce soit pour des missions militaires ou civiles – comme la surveillance de frontières ou l’analyse d’images dans le cadre de catastrophes naturelles –, le satellite luxembourgeois aurait retenu l’attention «de bon nombre de pays membres de l’Otan et de l’Union européenne», assure le CEO de LuxGovSat, qui se refuse cependant à avancer un chiffre concret. La seule donnée rendue publique lundi a été la fourchette actuelle du taux d’occupation de GovSat-1, estimée «entre 15 et 25%». Comme l’indiquait Paperjam début janvier, les deux principaux clients de LuxGovSat – à savoir l’État et l’Otan – représentent entre 10 et 15% des capacités totales de l’engin qui couvrira une zone comprise entre l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique.

Orbital ATK proposait l’offre financière et technique la plus adéquate.

Sasha Baillie, présidente du conseil d’administration de LuxGovSat 

Interrogée sur les récentes révélations sur le choix de la société Orbital ATK pour construire ce satellite, alors que cette dernière figure sur la liste noire du Fonds de compensation commun au régime général de pension, Sasha Baillie, présidente du conseil d’administration de LuxGovSat, a justifié cette décision auprès de Paperjam.

«Nous avons lancé un appel d’offres pour la construction de ce satellite et la société Orbital ATK était celle qui proposait l’offre financière et technique la plus adéquate. Le fait qu’elle soit sur la liste noire du Fonds de compensation n’a pas d’impact pour nous, car nous sommes clients et non investisseurs, d’autant plus que nous traitons avec la partie civile et non la partie militaire», indique-t-elle.  Décidée en juillet 2014 et concrétisée en février 2015, la création de ce satellite s’est faite via un investissement initial de 225 millions d’euros. La société LuxGovSat emploie actuellement une vingtaine de personnes sur le site de Betzdorf. À ce jour, son principal contrat consiste dans le fonctionnement et la maintenance d’un programme de surveillance terrestre par «drones d’observation» de l’Otan. Un contrat de 1,4 milliard d’euros financé par 15 États.