À moins d’un an de la date d’entrée en vigueur officielle du Brexit, les interrogations des milieux d’affaires restent nombreuses. (Photo: Licence C.C.)

À moins d’un an de la date d’entrée en vigueur officielle du Brexit, les interrogations des milieux d’affaires restent nombreuses. (Photo: Licence C.C.)

Alors que les discussions politiques entre Bruxelles et Londres restent bloquées à ce jour sur la question de la frontière nord-irlandaise, le monde des affaires tire les premières conséquences du flou qui demeure en vigueur.

À moins d’un an de l’entrée en vigueur du Brexit, près de la moitié des grandes entreprises européennes ont d’ores et déjà réduit leurs investissements dans le pays, selon une enquête réalisée auprès de 800 dirigeants allemands, espagnols, français, irlandais, néerlandais et suédois par le cabinet juridique Baker McKenzie.

Préserver les intérêts commerciaux

Pour tenter d’inverser la tendance, trois quarts d’entre eux se déclarent en faveur de la mise en place de concessions de la part de Bruxelles, afin que le Royaume-Uni bénéficie de meilleures relations commerciales au-delà du 29 mars 2019.

Car pour 96% des sondés, la préservation des intérêts commerciaux de part et d’autre de la Manche prime sur tout autre aspect, notamment sur la nécessité pour le gouvernement britannique de «recevoir une leçon» de la part des 27. La préférence des dirigeants allant pour la mise en place d’un accord de libre-échange (66%), loin devant l’instauration d’une union douanière (45%).

Les institutions financières doivent accélérer leurs préparatifs.

Andrea Enria, président de l’EBA

Si les souhaits des entrepreneurs tardent à se concrétiser, il en est de même au niveau bancaire. Preuve en est la publication, lundi, d’un avis de l’Agence bancaire européenne (EBA) qui juge «inadéquate» la préparation des acteurs du secteur. «Les firmes ne peuvent pas prendre pour acquis qu’elles vont pouvoir continuer à opérer comme aujourd’hui, pas plus qu’elles ne peuvent compter sur des accords politiques encore non réalisés, ou sur des interventions publiques», a assuré Andrea Enria, président de l’EBA, dans un communiqué.

Et ce dernier de préciser que «les institutions financières doivent accélérer leurs préparatifs pour un départ potentiel du Royaume-Uni en mars 2019 sans la mise en place d’un accord de retrait ratifié», tout en assurant que «l’accord politique visant à instaurer une période de transition est bienvenu, mais il n’aura pas d’effet avant qu’un accord de retrait n’ait été mis en place». 

Il est crucial (...) que tout soit prêt (...) pour l’arrivée massive d’entreprises financières.

Christine Lagarde, directrice générale du FMI

Mais aussi et surtout que cette période de transition «n’est pas garantie, et dans tous les cas, elle n’interviendra qu’après la fin de la procédure de retrait». Manière diplomatique de souligner qu’il y a urgence à agir, aussi bien pour les établissements financiers que pour les superviseurs nationaux. Car pour l’EBA, dans tous les cas, les banques devront trouver des solutions «sans s’appuyer sur de possibles solutions publiques» que l’Agence bancaire européenne imagine arriver trop tard, voire ne pas arriver du tout.

Une idée partagée par Christine Lagarde, directrice générale du FMI, qui a appelé lundi les pays membres de la zone euro à se tenir prêts pour accueillir les sociétés financières qui quitteront prochainement le Royaume-Uni. «Il est crucial de faire en sorte que tout soit prêt en termes de régulation et de supervision pour l’arrivée massive d’entreprises financières qui finiront par déménager de l’endroit où elles sont à l’heure actuelle pour l’Europe continentale, et l’Irlande», a-t-elle affirmé lundi à Dublin.