Yvette Hamilius n'a pas la réputation de se laisser impressionner, surtout pas par les victimes. (photo: Jessica Theis / archives)

Yvette Hamilius n'a pas la réputation de se laisser impressionner, surtout pas par les victimes. (photo: Jessica Theis / archives)

La veille de Noël, le comité des victimes de la banque Landsbanki a eu une mauvaise surprise: le juge d’instruction directeur Ernest Nilles leur a annoncé le classement sans suite de leur plainte pour escroquerie, abus de biens sociaux et blanchiment déposée en novembre 2012, selon un communiqué du comité diffusé ce mercredi. Le magistrat luxembourgeois «a décidé de constater une prescription générale», souligne leur communiqué. La rédaction de paperJam.lu n’a pas été en mesure de se procurer une copie de l’ordonnance de non lieu.

Le comité des victimes de Landsbanki a décidé de faire appel de ce classement sans suite. L’un de ses avocats, Me Benjamin Bodig, déplore dans un entretien à paperJam.lu que le juge d’instruction luxembourgeois ait considéré comme point de départ de la prescription le jour de la liquidation de la banque, c’est-à-dire le 12 décembre 2008. La jurisprudence prévoit qu’en matière d’escroquerie la prescription démarre à partir du jour de la connaissance de l’escroquerie.

Individualisation

«On ne présume pas une escroquerie derrière une mise en liquidation», explique l’avocat. Pour lui, le point de départ doit être différencié en fonction de chacune des victimes qui n’ont pas eu connaissance au même moment de la forfaiture. «Les victimes rappellent que les faits évoqués dans la plainte nécessitaient une audition préalable de chaque famille concernée pour comprendre les malversations intervenues ainsi que pour procéder à l’individualisation des comportements reprochés par chaque victime», souligne le communiqué. Des victimes, il y en a eu 106; soit un total de 180 personnes que la justice aurait dû entendre tour à tour.

Selon le comité, il aurait d'ailleurs appartenu à la liquidatrice de la banque d’origine islandaise, Me Yvette Hamilius, d’engager des poursuites contre les anciens dirigeants de Landsbanki Luxembourg; ce qui n'a pas été fait, parce qu'elle n'avait pas identifié de faits répréhensibles sur le plan pénal justifiant une action de sa part. L’avocate, vieille routière des faillites, notamment financières, est connue pour ne pas se laisser mettre la pression, et surtout pas par les victimes. Me Hamilius avait d’ailleurs reproché à certaines d'entre elles, lors d’une conférence de presse en janvier 2013, de chercher, à travers leur plainte pour escroquerie, à échapper au remboursement des prêts bancaires contractés auprès de la banque avant sa faillite. Des prêts bancaires d’un genre très spécial qui étaient entre autres garantis sur des résidences secondaires en France et en Espagne. Le chanteur français Enrico Macias, de son vrai nom Gaston Granessia, avait été la victime la plus médiatique de ces prêts toxiques de la Landsbanki.

Part belle aux délinquants

En France, une enquête notamment pour défaut d’agrément, a été ouverte.

«Les victimes, indique le communiqué, ont le sentiment que la justice luxembourgeoise, dans le présent dossier, comme dans bien d’autres scandales touchant la place financière luxembourgeoise, fait la part belle à la position des délinquants financiers, sans égard pour les faits et leur qualification.»

Des accusations sans doute exagérées, d’autant plus que la justice luxembourgeoise, dans le dossier Madoff, vient de démontrer sa détermination à faire la lumière sur certaines affaires pesant sur la réputation du centre financier.