Manuel Valls combinera-t-il obligation de ne pas faire d'ingérence tout en se prononçant en faveur des lanceurs d'alerte, comme son ministre des Finances? (Photo: licence cc )

Manuel Valls combinera-t-il obligation de ne pas faire d'ingérence tout en se prononçant en faveur des lanceurs d'alerte, comme son ministre des Finances? (Photo: licence cc )

Le Premier ministre français Manuel Valls effectue un passage de quelques heures au Luxembourg ce lundi. Au menu de cette visite de travail figure une rencontre avec son homologue luxembourgeois Xavier Bettel durant laquelle la crise migratoire, la sûreté nucléaire ainsi que les sujets transfrontaliers seront évoqués, selon l’agenda officiel.

La venue de Manuel Valls – accompagné du secrétaire d’État auprès du ministre des Finances et des Comptes publics, le Lorrain Christian Eckert – intervient une semaine après la révélation des Panama Papers, remettant au centre du débat le statut des «lanceurs d’alerte» et leur éventuelle protection en fonction de la législation en vigueur dans chaque pays.

À deux semaines de l’ouverture – le 26 avril – du procès dit «LuxLeaks» de l’ancien collaborateur de PwC Antoine Deltour et du journaliste de Cash Investigation Édouard Perrin devant le tribunal correctionnel, leurs soutiens se mobilisent et profitent de la rapide visite de Valls pour solliciter son intervention. 

Outre un piquet de soutien organisé place Clairefontaine, à côté du ministère d’État, en guise de comité d’accueil pour le Premier ministre français, le comité de solidarité avec Antoine Deltour et Édouard Perrin au Luxembourg a adressé une lettre ouverte à Manuel Valls pour lui demander «tout en respectant l’indépendance de la justice, une déclaration de votre part, soulignant que l’intérêt général de la démarche d’Antoine Deltour prédomine largement les infractions commises, ce qui apparaît comme totalement contradictoire avec l’idée même qu’il puisse être condamné».

À noter que le «comité de soutien à Antoine Deltour se félicite de la mobilisation prévue lundi prochain, même s'il n'en est pas l'initiateur», précisent les responsables du comité sur la page Facebook de Paperjam.

Quid de l'ingérence?

Comment le Premier ministre va-t-il réagir à cette demande? La conférence de presse organisée en fin de journée permettra certainement d’aborder la question des Panama Papers et par ricochet de l’actualité judicaire d’Antoine Deltour et d’Édouard Perrin.

L’importance grandissante des lanceurs d’alerte dans l’espace public se heurte aux traditionnelles limites d’ingérence entre les États. «Je ne peux pas me substituer à la justice des autres pays», avait répondu le ministre des Finances français à la question d’Élise Lucet lors de l’émission Cash investigation du 5 avril dernier.

La présentatrice avait demandé à Michel Sapin s’il s’engageait à soutenir les journalistes autant que les lanceurs d’alerte. «En France, la loi ne permet pas de rémunérer quelqu'un qui aurait donné des informations fiscales», avait déclaré le ministre sur France 2 dans l'émission consacrée aux «Panama papers». «Je souhaite qu'on puisse évoluer en France sur ce point», mais «dans un cadre très précis.»

Pour le chef de la fraction socialiste, la demande adressée à Manuel Valls est étrange.